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Nucléaire: l’Iran augmente son degré d’enrichissement et met en garde l’Europe

Dans cette photo datant de 2015, le président de la République islamique d'Iran, Hassan Rohani, visite une centrale nucléaire à Bouchehr, en Iran. Photo: AP Photo/Bureau présidentiel iranien, Mohammad Berno, File
Rédaction - Agence France-Presse

L’Iran a annoncé lundi produire désormais de l’uranium enrichi à au moins 4,5%, au-delà de la limite autorisée par l’accord de 2015 sur son programme nucléaire, et mis en garde les Européens contre toute réaction susceptible d’envenimer la situation.

Se disant très «préoccupée» par les dernières annonces iraniennes, l’Union européenne a de son côté exhorté «fortement l’Iran à cesser […] ses activités qui sont contraires aux engagements pris dans le cadre» de l’accord de Vienne, et à «revenir» aux termes de ce pacte.

Cité par l’agence semi-officielle Isna, le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), Behrouz Kamalvandi, avait peu auparavant indiqué que «le degré de pureté» de l’uranium enrichi produit par l’Iran atteignait désormais «4,5%».

Téhéran avait annoncé dimanche avoir commencé à enrichir l’uranium à un degré supérieur à la limite de 3,67% imposée par l’accord de Vienne.

D’après Ali Akbar Vélayati, conseiller du guide suprême iranien, les besoins du pays pour ses «activités [nucléaires] pacifiques», à savoir l’alimentation en combustible de sa seule centrale électrique atomique correspondent à de l’uranium enrichi à 5%.

Ce niveau reste loin des 90% nécessaires pour envisager la fabrication d’une bombe atomique. Mais la décision iranienne fragilise encore davantage l’accord de Vienne, mis à mal depuis que les États-Unis sont sortis unilatéralement de ce pacte en mai 2018 avant de rétablir des sanctions économiques contre Téhéran.

En riposte au retrait américain, l’Iran a annoncé le 8 mai qu’il commençait à s’affranchir de certains engagements pris à Vienne, afin de forcer les parties restantes à l’accord (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie) à l’aider à contourner les sanctions américaines.

Celles-ci privent l’Iran des bénéfices économiques qu’il attendait de ce pacte, par lequel il a accepté de réduire drastiquement ses activités nucléaires en échange de la levée d’une partie des sanctions internationales qui l’asphyxiaient.

Lundi, le porte-parole des Affaires étrangères, Abbas Moussavi a adressé une mise en garde à Paris, Londres et Berlin.

Si ces trois capitales «devaient se comporter de manière étrange et inattendue alors nous sauterions toutes les étapes suivantes [du plan de réduction des engagements annoncé en mai] et nous mettrions en oeuvre la dernière», a-t-il dit, sans préciser la nature de cette ultime étape.

Dans des communiqués distincts, Londres et Berlin avaient exhorté dimanche Téhéran à revenir sur sa décision, Paris faisant part de sa «grande inquiétude» et demandant à l’Iran de cesser toute activité «non conforme» à l’accord.

Téhéran a donné dimanche 60 jours aux partenaires de l’accord de Vienne pour répondre à ses demandes sous peine de voir l’Iran s’affranchir d’autres engagements pris à Vienne.

Au bout de ces 60 jours, «toutes les options» seront sur la table, a dit M. Moussavi, y compris une sortie de l’accord de Vienne et du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).

Cité par Isna, M. Kamalvandi a indiqué que des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) étaient «censés» prendre des mesures lundi devant leur permettre de constater que l’Iran enrichissait désormais l’uranium à un niveau interdit par l’accord de Vienne.

«Nous sommes en train de vérifier ce fait nouveau», a indiqué un porte-parole de l’agence en fin d’après-midi.

Selon une source diplomatique française, «il faut que l’AIEA constate les manquements iraniens et fasse un rapport, que la commission conjointe [de l’accord de Vienne] se réunisse puis décide le cas échéant de réunir la commission de résolution des différends. Ce que nous ferons, si l’Iran ne revient pas sur ses violations.»

«Ce que peut maintenant faire l’Europe, c’est engager le dialogue avec Téhéran, obtenir des concessions iraniennes, les porter à Washington et obtenir là-bas également des gestes de conciliation», estime pour l’AFP Sanal Vakil, du cercle de réflexion Chatham House.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo ayant promis dimanche à l’Iran «plus d’isolement et de sanctions», la marge de manoeuvre européenne semble a priori étroite.

Selon M. Moussavi, le conseiller diplomatique du président français Emmanuel Macron, Emmanuel Bonne, qui s’était rendu en Iran en juin, est de nouveau attendu à Téhéran «dans les jours qui viennent».

À Pékin, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a estimé que «la pression maximale des États-Unis sur l’Iran [est] la source de la crise nucléaire iranienne».

La Russie, pourtant alliée de la République islamique, a appelé Téhéran à «ne pas céder à l’émotion» et à respecter «les dispositions essentielles» de l’accord sur le nucléaire malgré les pressions américaines.

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