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La Maison Blanche a voulu cacher l’échange entre Trump et l’Ukraine

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Donald Trump Photo: Mark Wilson/Getty Images

Donald Trump a sollicité l’«ingérence» de l’Ukraine dans la présidentielle américaine de 2020 d’une conversation avec le président Volodymyr Zelensky, et la Maison Blanche a ensuite essayé que cet appel téléphonique reste secret, accuse un lanceur d’alerte dans un document explosif révélé jeudi.

La publication de ce document accroît encore la pression sur le président américain, à l’encontre duquel les démocrates ont ouvert mardi une procédure de destitution, une démarche rarissime aux lourdes conséquences à près de 400 jours du scrutin.

Dans un tweet en lettres capitales, Donald Trump a appelé les républicains à «se battre». «L’avenir du pays est en jeu», a ajouté le milliardaire qui dénonce à cor et à cri depuis deux jours «la pire chasse aux sorcières de l’histoire des États-Unis».

https://twitter.com/realDonaldTrump/status/1177201488688537602

Un appel avec l’Ukraine déclenche la crise

La crise trouve sa source dans un échange téléphonique, le 25 juillet, entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, au cours duquel le président américain a demandé à son homologue ukrainien d’enquêter sur le démocrate Joe Biden, parmi les favoris de la primaire démocrate en vue de l’élection de 2020.

La conversation a suscité l’inquiétude d’un mystérieux lanceur d’alerte, membre des services de renseignement, qui avait, début août, transmis un signalement sur la teneur de cet appel.

Le président «a utilisé les capacités de sa fonction pour solliciter l’ingérence d’un pays étranger dans l’élection de 2020 aux États-Unis», dénonce-t-il dans ce document, rendu public jeudi après un bras de fer entre le Congrès et l’exécutif.

Dans les jours suivants cet échange, poursuit-il, les avocats de la Maison Blanche «sont intervenus pour verrouiller toutes les archives liées à l’appel téléphonique», notamment en ordonnant de les conserver dans un «système électronique distinct» de celui utilisé habituellement.

Pour lui, cela prouve que l’entourage du président «comprenait la gravité de ce qui s’était passé». Il ajoute que, selon ses sources, deux hauts responsables américains ont ensuite «donné des conseils aux autorités ukrainiennes sur la manière de contourner les demandes du président».

L’auteur de ce signalement, jugé «crédible» par l’inspecteur général des services du renseignement, précise ne pas avoir directement assisté à l’appel mais avoir échangé avec plus d’une demi-dizaine de responsables «très perturbés» par cet appel.

Interrogé jeudi au Congrès, le directeur du renseignement national (DNI) Joseph Maguire, qui avait bloqué la transmission de ce signalement, a déclaré ne pas connaître l’identité du lanceur d’alerte.

«Rien n’a changé avec la publication de ce signalement», a balayé la Maison Blanche dans un communiqué, en évoquant une «compilation de récits de troisième main et d’articles de presse», «qui ne montrent rien d’inapproprié».

Un Parlement «trahi»

Mais les démocrates ont dénoncé une tentative de la Maison Blanche d’étouffer l’affaire. «Le président a trahi notre pays et il a essayé de le cacher», a ainsi déclaré le parlementaire Mike Quigley.

La veille, la publication du compte-rendu de la conversation téléphonique au coeur du scandale avait suscité le même type de réaction, MM. Trump et Zelensky qualifiant leur échange d’«anodin» et de «normal», les démocrates le jugeant «accablant».

Dans cette discussion, l’asymétrie de la relation est notable mais M. Trump ne brandit pas de menace concrète. Il invite en revanche M. Zelensky à la Maison Blanche.

Les États-Unis ont «été très très bon à l’égard de l’Ukraine» sans que cela ait été «forcément réciproque», souligne Donald Trump, avant d’évoquer Joe Biden et les affaires en Ukraine de son fils Hunter.

«Beaucoup de gens veulent en savoir plus sur le sujet, donc cela serait formidable si vous pouviez vous pencher dessus», dit-il à Volodymyr Zelensky, un novice en politique élu en avril à la tête de son pays très dépendant de l’aide américaine.

A quelques 400 jours du scrutin, la chef des démocrates au Congrès Nancy Pelosi a annoncé mardi, après avoir tempéré les ardeurs de ses troupes pendant des mois, que la Chambre des représentants allait lancer une procédure de destitution contre le président.

Compte-tenu de la majorité démocrate à la Chambre, Donald Trump risque bien d’être mis en accusation («impeachment» en anglais), ce qui n’est arrivé qu’à deux de ses prédécesseurs.

Les républicains contrôlant le Sénat qui, selon la Constitution, sera chargé de le juger, il a de bonnes chances de rester en poste.

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