Syrie: Washington accuse Damas d’une nouvelle attaque chimique et promet de riposter
Les États-Unis ont affirmé jeudi avoir la confirmation d’une attaque chimique commise par le régime syrien le 19 mai à Idleb, dernier bastion jihadiste dans le nord-ouest du pays, et promis de riposter.
«Les États-Unis ont conclu que le régime de (Bachar) al-Assad avait utilisé du chlore comme arme chimique» dans sa campagne de reconquête d’Idleb, a déclaré le secrétaire d’État américain Mike Pompeo à des journalistes en marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York.
Cette attaque ne «restera pas sans réponse», a-t-il ajouté, sans plus de précisions, alors que le conflit syrien a déjà fait 370 000 morts depuis 2011.
Lors d’une rencontre avec la presse, Jim Jeffrey, représentant spécial des États-Unis pour la Syrie, a rappelé que l’attaque avait fait quatre blessés. Mais même sans décès, il s’agissait de la première attaque chimique en un an et les États-Unis comptent bien envoyer un message fort par crainte de nouveaux raids, a-t-il indiqué.
«Nous craignons que le régime, dont les forces d’infanterie sont très faibles, essaie à nouveau d’utiliser des armes chimiques pour compenser son incapacité à reprendre du terrain», a-t-il dit.
Ces dernières années, le président américain Donald Trump a déjà riposté par des frappes contre le régime syrien.
Il a ainsi marqué sa différence avec son prédécesseur Barack Obama qui avait lui aussi fait du recours à l’arme chimique une ligne rouge avant de se désister en août 2013 et de décommander des frappes communes prévues avec la France.
Ce changement de pied avait alors été perçu comme un signe de faiblesse face à Damas et son allié russe. En accord avec la Russie, les États-Unis avaient alors obtenu le principe d’un démantèlement du stock d’armes chimiques syrien.
En avril 2017, Donald Trump a ordonné le tir de 59 missiles de croisière sur la base aérienne d’Al-Chaayrate après une attaque au gaz sarin à Khan Cheikhoun dans la province d’Idleb.
Quelques jours auparavant, un raid aérien avait fait au moins 83 morts dans cette localité contrôlée par les rebelles et jihadistes. Des médecins avaient alors fait état de symptômes similaires à ceux constatés sur des victimes d’attaques chimiques.
Un an plus tard, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni menaient des frappes conjointes de représailles le 14 avril contre des positions militaires du régime en réaction à une attaque chimique à Douma, dans la banlieue de Damas.
Une semaine auparavant, les Casques blancs (secouristes) et l’ONG Syrian American Medical Society avaient affirmé que plus de 40 personnes avaient péri dans une attaque aux «gaz toxiques» à Douma et accusé Damas.
Le régime et son allié russe ont démenti à chaque fois toute responsabilité dans ces attaques, dénonçant en retour des mises en scène ou accusant les rebelles d’en être les auteurs.
La riposte occidentale est toujours restée strictement ciblée et ponctuelle. En 2018, les cibles étaient «complètement vides», leur personnel ayant été évacué «il y a plus de trois jours», a affirmé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Les frappes avaient alors visé «le principal centre de recherche» et «deux centres de production» du «programme clandestin chimique» du régime, selon Paris.
La France pose en outre comme condition à toute riposte que l’usage de l’arme chimique soit létal — ce qui n’est pas forcément le cas pour le chlore.
Washington avait déjà fait état fin mai d’«indications» selon lesquelles le régime de Bachar al-Assad avait mené une nouvelle «attaque» au chlore en mai.
«Les États-Unis continueront à faire pression sur le régime d’Assad pour qu’il mette fin aux violences dirigées contre les civils syriens et participe au processus politique (de règlement du conflit) sous l’égide de l’ONU», a souligné Mike Pompeo.
L’ONU a annoncé lundi un accord intersyrien pour la création d’un Comité constitutionnel, censé ouvrir la voie à des élections et tourner la page de la guerre.
Bachar al-Assad, qui a reconquis près de 60% du territoire syrien, semble toutefois déterminé à garder les rênes du pouvoir et à faire obstruction à toute alternative politique.
Il reste aussi sourd à tous les appels à stopper l’offensive sur Idleb, où quelque trois millions de personnes sont entassées, laissant craindre un afflux de réfugiés et la dispersion de jihadistes vers l’Europe.