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Mali: une cinquantaine de soldats tués depuis vendredi

Soldats maliens à Bamako en 2018 Photo: Michele Cattani/AFP
Rédaction - Agence France-Presse

Le Mali était en émoi dimanche après la mort depuis vendredi d’au moins 51 de ses soldats dans deux attaques jihadistes séparées qui allongent une série meurtrière au moment où les autorités semblent «à court de solution» pour l’arrêter.

Le Mali, pays sahélien pris dans un tourbillon de violences jihadistes depuis 2012, est en émoi et compte ses soldats morts au front: fin septembre, au moins 40 soldats tués dans l’attaque de camps militaires dans le centre du pays, vendredi, au moins 49 dans l’attaque d’un camp militaire dans le Nord-Est, samedi, deux dans l’explosion d’un engin explosif dans le Centre.

«Il y a un mois, c’était Boulkessi (un des camps militaires attaqués fin septembre par les jihadistes), maintenant Indelimane (nord-est). Ça va s’arrêter quand? Nos soldats vont-ils arrêter de mourir?», s’interroge Aminata, Bamakoise de 27 ans.

Aminata ne «comprend pas» comment vendredi, en milieu de journée, le camp militaire d’Indelimane, non loin du village éponyme situé sur un axe du nord du Mali entre Ansongo et Ménaka, près du Niger, a été pris d’assaut.

«Les « terroristes » ont mené une attaque surprise à l’heure du déjeuner», a indiqué un officier de l’armée malienne.

Selon un rapport interne onusien consulté dimanche, trois groupes distincts ont attaqué la base militaire de façon simultanée.

Selon l’officier, ils «étaient à moto», le moyen de transport privilégié par les groupes jihadistes au Sahel. Au moins 49 soldats ont été tués, selon l’armée.

Samedi, le groupe État islamique (EI) a revendiqué l’attaque, dans un communiqué signé de sa «Province Afrique de l’Ouest», ainsi que la pose d’une bombe artisanale dans la même zone de Ménaka qui a tué le même jour un soldat français de l’opération Barkhane (déployée au Sahel depuis 2014, 4500 hommes).

Un porte-parole du groupe État islamique au Grand Sahara (EIGS), succursale du groupe EI au Sahel, a indiqué dimanche à l’AFP que son groupe avait attaqué le camp «au nom du califat».

«Apostats»

«On avait appris que l’armée malienne travaillait dans le camps avec les apostats. Nous avons réussi à supprimer le camp», a déclaré Abdoul Chiquiti – un nom de guerre – en précisant que «la France est notre principale ennemie».

La construction du camp d’Indelimane a de fait été appuyée par les partenaires du Mali — la mission de l’ONU au Mali (Minusma, 13000 hommes) et Barkhane — en mars 2018. Des patrouilles conjointes ont été organisées par le passé entre l’armée malienne et la force française dans la zone.

Cette nouvelle attaque, un mois après celles des camps de Mondoro et Boulkessi (centre), suscite des interrogations sur les capacités d’action de l’armée malienne dans cette région où se trouvent les frontières de plusieurs pays, notamment le Niger et le Burkina-Faso, touchés eux aussi par les attaques jihadistes.

«L’armée malienne a perdu près d’une centaine d’éléments à Boulkessi et à Indelimane, cela va laisser des traces», estime un observateur à Bamako.

Après la double attaque de Mondoro et Boulkessi, plusieurs manifestations de femmes de militaires avaient eu lieu à Bamako et Sévaré (centre).

Le président Ibrahim Boubacar Keïta ne s’est pas encore exprimé publiquement sur les événements de vendredi et samedi.

«Moyens limités»

Il avait appelé à plusieurs reprises les Maliens à soutenir leur armée, en reconnaissant toutefois que «nos moyens deviennent limités» et que ce qui s’était passé à Boulkessi «pourrait malheureusement survenir encore».

Le pouvoir «semble à court de solutions face aux attaques», avait dit à l’époque un diplomate occidental à l’AFP. Les faibles moyens de l’armée et le peu d’emprise de l’État sur le territoire renforcent ce sentiment, selon lui.

Cette région dite des «trois frontières» entre Mali, Burkina et Niger, est la zone d’action du groupe EIGS depuis sa création en 2015.

Le groupe est emmené par Adnan Abou Walid Al-Sahraoui, ancien membre du Front Polisario dans les années 1990 qui a été dans les années 2010 un des principaux responsables du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) un des groupes jihadistes qui avaient pris le contrôle du nord du Mali en 2012.

Il avait fait dissidence en mai 2015 pour prêter allégeance à l’EI. Présent dans la zone de Ménaka, dans l’ouest du Niger et dans l’est du Burkina Faso, l’EIGS avait notamment revendiqué l’attaque de Tongo Tongo, en octobre 2017 au Niger, qui avait coûté la vie à quatre soldats américains et quatre militaires nigériens.

Symbole de son importance aujourd’hui dans la nébuleuse jihadiste sahélienne, les États-Unis ont promis en septembre des récompenses pouvant atteindre cinq millions de dollars en échange d’informations pour localiser Al-Sahraoui.

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