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Des manifestations se soldent par 62 arrestations en Colombie

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Policiers et manifestants se sont affrontés à Bogota le 21 janvier. Photo: Raul Arbodela/AFP
Rédaction - Agence France-Presse

La mobilisation contre le gouvernement du président Ivan Duque a repris mardi en Colombie avec des marches et des blocages routiers notamment à Bogota, où des affrontements avec la police se sont soldés par au moins 10 blessés et 62 arrestations.

Ce mouvement, assorti d’un «cacerolazo» ou concert de casseroles en fin de journée comme lors des manifestations de novembre et décembre, a affecté la circulation automobile dans plusieurs secteurs de la capitale.

La police a fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau contre des personnes cagoulées, qui lançaient des pierres et ont causé des dégâts, selon des journalistes de l’AFP. À la tombée de la nuit, elle tentait encore de rétablir l’ordre dans un quartier central de Bogota, proche du siège de la présidence.

La mairie de Bogota a fait état de 19 points de protestation, dont trois marqués par des troubles générés par «une minorité de manifestants», selon un communiqué.

Au moins cinq policiers et cinq civils ont été blessés lors d’affrontements, a précisé le secrétaire du gouvernement, Luis Ernesto Mejia.

En outre, 62 personnes ont été interpellées pour «actes de vandalisme, agressions contre des membres de la force publique», a-t-il ajouté. Plusieurs installations du transport urbains ont été endommagées.

Dans le centre de Bogota, Flor Calderon, 60 ans, s’est interposée entre les manifestants et les policiers de l’Escadron mobile anti-émeutes (Esmad) qui bloquaient le cortège.

«Ceci est une lutte pour vous et les enfants de vos enfants parce que le pays va très mal», a-t-elle lancé aux forces de l’ordre, en brandissant un drapeau blanc et en leur demandant de laisser passer la manifestation.

Cette femme a expliqué à l’AFP qu’elle était descendue à nouveau dans la rue pour protester contre le «massacre» des leaders communautaires. En outre, «l’éducation est très mauvaise, la santé est très mauvaise, donc c’est pour ça que j’accompagne ces jeunes», a-t-elle ajouté.

Des affrontements avec les forces de l’ordre ont également émaillé des manifestations dans les villes de Medellin et Cali, deuxième et troisième du pays.

La maire de Bogota, Claudia Lopez, en fonction depuis le 1er janvier, avait précédemment établi un protocole contre la violence pendant les manifestations, prévoyant une instance de dialogue avant le recours à la force publique.

La mobilisation a repris à l’issue des vacances, après une fin d’année marquée par de multiples manifestations exigeant un changement de cap du gouvernement de droite, au pouvoir depuis août 2018.

Outre la mise en cause de la politique économique du président Ivan Duque, le mouvement, lancé le 21 novembre, dénonce la spirale de violence visant leaders communautaires et défenseurs des droits humains depuis l’accord de paix de 2016 avec l’ex-guérilla marxiste des Farc, transformée en parti politique.

Selon l’ONU, au moins 107 de ces militants ont été tués en 2019, la majorité dans des régions où opèrent des groupes armés impliqués dans le trafic de drogues.

Les Nations unies ont en outre alerté sur les assassinats de 173 ex-guérilleros qui ont déposé les armes.

«Personne ne peut payer de sa vie le fait de défendre une opinion politique ou une cause sociale, et c’est pour ça que nous considérons cela comme très important parmi nos revendications», a déclaré à la presse une dirigeante universitaire, Jennifer Pedraza.

Le président Duque a lancé une «conversation nationale» avec différents secteurs sociaux pour tenter d’enrayer le mouvement, mais ses leaders exigent une négociation directe.

Rejetant la «violence» contre les forces de l’ordre, ce chef de l’État de droite, qui pâtit de 70% d’opinions défavorables dans les sondages, a estimé que «ces agressions obligent à des arrestations et des sanctions exemplaires».

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