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La pornographie en ligne rend-elle les garçons violents?

Photo: Universal Images Group via Getty
Elisabeth Braw - Metro World News

Les adolescents trompent l’ennui en regardant de la porno sur leurs portables et leurs cellulaires. Souvent violentes, les productions pornographiques modifieraient leurs comportements à l’égard des filles. Sommes-nous en train d’élever une génération de prédateurs sexuels?

Jared Watkins, un homme de 23 ans vivant à Washington, D.C., ne se fait aucune illusion sur la sexualité masculine : «La plupart des hommes de mon âge regardent de la porno. Nous faisons partie de la première génération à avoir grandi avec ça. Et la porno commence à devenir plus violente. Cela nous dégoûte d’en regarder, mais bien des hommes éprouvent de la confusion au sujet de ce dégoût, parce qu’ils croient que la véritable sexualité ressemble à ce qu’ils voient.»

Les garçons grandissent en consommant de la porno – et ils en consomment beaucoup! Selon de récents sondages, ils commencent à en regarder, en moyenne, dès l’âge de 11 ans – et parfois même de sept ans. Et ce qu’ils voient est souvent très explicite. «La curiosité sexuelle est quelque chose de sain, mais nous élevons en ce moment nos garçons avec de la porno violente, regrette Carleton Hendrick, un psychothérapeute du Massachusetts formé à Harvard. «La pornographie est aujourd’hui le principal éducateur sexuel des adolescents. Ces derniers en regardent sur leurs ordinateurs, leurs téléphones, leurs tablettes.

Et le temps moyen qu’ils y consacrent chaque semaine est de deux heures, ce qui signifie qu’ils voient des milliers d’images qui leur disent que les actes sexuels violents sont permis, et même désirés par les filles. Cela a de graves conséquences sur nos garçons et, par ricochet sur nos filles.»

Todd Spaulding, chef de la clinique Oxbow Academy, dans l’État rural de l’Utah, traite des garçons ayant des problèmes de ce type. «Dix garçons peuvent regarder de la porno, et il est impossible de dire s’ils deviendront ou non des abuseurs, explique-t-il. La réalité est qu’ils peuvent regarder tout et n’importe quoi sur l’internet, dont des actes sexuels sadiques. Ce type de sexualité implique l’objectivation et la déshumanisation des femmes.»

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La Oxbow Academy soigne 40 adolescents en même temps dans le cadre de son program­me résidentiel. Ce n’est cependant qu’une goutte dans l’océan, reconnaît le Dr Spaulding. C’est ici que Neil Irvin entre en scène. En tant que directeur de l’organisme Men Can Stop Rape, M. Irvin enseigne aux garçons des États-Unis – et maintenant d’ailleurs – ce qu’est une sexualité saine. «De formation, je suis un professeur de mathématiques et d’histoire, raconte-t-il. Mais enseigner la sexualité est aussi important! Nous expliquons aux garçons ce qui peut leur arriver s’ils consomment de la drogue ou de la pornographie. Nous les aidons à comprendre ce qu’est une sexualité saine et nous leur donnons des modèles auxquels ils peuvent parler quand ils rencontrent une fille et éprouvent du désir pour elle.»

Sans programme comme celui de M. Irvin, courons-nous le risque d’élever des prédateurs sexuels et des femmes soumises? Candida Royalle, une pionnière de la pornographie féministe «faite par et pour les femmes», juge que ce risque est exagéré : «Certaines productions pornographiques peuvent être décrites comme étant sexistes et, à l’occasion, dégradantes pour les femmes, mais elles ne sont pas particulièrement violentes. Et bien qu’elles puissent mettre de l’avant des comportements qui ne tiennent pas compte du désir féminin, elles ne font pas, en général, la promotion de la violence.»

Mais, note M. Hendrick, les filles grandissent avec l’idée qu’elles doivent se soumettre aux désirs, lourdement informés par la pornographie, des garçons : «Plusieurs filles vont même sur des sites pornographiques pour voir ce que veulent les garçons. Les filles font beaucoup mieux que les garçons à l’école et dans de nombreux autres domaines mais, pour leur plaire, elles sont prêtes à s’humilier sexuellement.»

Prévenir le viol
Deux millions de garçons ont participé au programme Men of Strength Club (MOST), de l’organisme Men Can Stop Rape. «Nous envoyons à 100 jeunes une invitation disant : “Tu as été sélectionné en tant que leader de ton école”, explique Neil Irvin. Puis, les garçons sont conviés à une rencontre où de la pizza est servie et où un film est projeté.» Les animateurs de MOST leur disent que tout le monde ne sera pas invité à participer au programme. «Cela crée chez eux l’envie d’être choisi, ajoute M. Irvin. Les membres ont droit à un accès spécial à des choses. Cela rend le programme cool.»

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Pas de panique!

Comment éviter qu’un garçon développe de mauvaises habitudes à l’égard de la porno :

  1. Parlez très tôt de sexualité avec votre enfant. Expliquez-lui ce qu’est un bon attouchement, un mauvais attouchement et un attouchement secret.
  2. Établissez des limites. Plus vous permettez à votre enfant de naviguer dans l’internet, plus il risque de tomber sur des sites douteux.
  3. S’il ne se montre pas raisonnable dans son usage de l’internet, confisquez-lui son ordinateur ou son iPad. N’essayez pas d’être son ami.
  4. Si votre fils regarde de la porno, parlez-en avec lui. Ne présentez pas sous un jour défavorable son attirance pour les filles, ou même pour les garçons. Expliquez-lui qu’il n’est pas sain de regarder de tels sites. Cette conversation ne sera pas agréable, mais elle est nécessaire!
  5. Si votre fils prend l’habitude de regarder de la porno, demandez-lui ce qui l’excite là-dedans. Faites-le parler. Dites-lui que l’attirance sexuelle est une bonne chose et expliquez-lui pourquoi vous ne voulez pas qu’il en fasse l’expérience en regardant de la pornographie.

Source : Todd spaulding, Oxbow Academy

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