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Poutine, l’homme aux mille visages

Photo: Getty

Vladimir Poutine n’a décidément pas de chance. Sa statue de cire au musée Grévin à Paris vient d’être détruite à coups de pieu par une militante féministe Femen qui le qualifie de «dictateur». Pire encore, il a eu l’air d’un gros macho lors d’une interview à la télévision française.

Interrogé jeudi dernier par TF1 sur ce qu’il répondrait à Hillary Clinton s’il rencontrait l’ancienne secrétaire d’État américaine qui l’a comparé à Hitler dans la crise ukrainienne, le président russe a eu ces mots, selon le traducteur: «Il est préférable de ne pas débattre avec les femmes.»

Ses propos «sexistes» ont aussitôt enflammé les réseaux sociaux. Trop vite, car le verbe a été mal traduit. Poutine avait plutôt dit «se disputer». Les mots peuvent être dangereux. Ils doivent toujours être précis.

Cela dit, Poutine est un macho. Dans une Russie ancrée dans le modèle patriarcal et avec une homophobie érigée en doctrine d’État, le maître du Kremlin exhibe son corps telle une icône.

Souvent photographié torse nu, il galope dans les montagnes, nage dans les fleuves sibériens, pêche un brochet de 21kg, pourchasse une baleine de 30 tonnes dans le Pacifique, prend dans ses bras musclés une tigresse… Il n’a peur de rien.

S’il aime vivre dangereusement, il déteste les gros mots. Ainsi, à partir du 1er juillet les jurons seront interdits dans les médias, les films et les pièces de théâtre russes, sous peine d’amende.

Et dire que dans sa guerre contre la Tchétchénie, il s’était fait remarquer en promettant d’aller «buter» les séparatistes de cette petite république du Caucase «jusque dans les chiottes». Grozny, la capitale, fut rasée.

Dans l’actuelle crise ukrainienne, Poutine ne mâche pas ses mots: l’ex-république soviétique est désormais aux mains des «fascistes». Les dirigeants occidentaux, qui se bousculaient dimanche encore pour le rencontrer, le trouvent soudainement infréquentable. Soit. Mais, Poutine n’a jamais été connu pour être très sympathique, et son machisme, il en prend soin médiatiquement.

Chef d’État autoritaire, il dérange plus à l’étranger que dans son pays, où son image est loin d’être écornée. Avec lui, la fierté russe est de retour.

L’«ours» slave a été un animal blessé depuis la fin de l’URSS. L’annexion de la Crimée a été un baume au cœur de son peuple. C’est un leader qui compte sur l’échiquier politique mondial parce qu’il refuse l’unanimisme des dirigeants occidentaux face aux États-Unis.

Sa défiance plaît. Son style de virilité aussi. Plébiscité dans son pays, diabolisé en Occident, Vladimir Poutine est un homme aux mille visages. Comme la Russie.

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