Gracias presidente Obama, mais…
Eisenhower, Kennedy, Reagan, Bush père et fils, Clinton l’ont fait. Mais avec le feu vert du Congrès. Barack Obama, lui, a choisi de régulariser au moins cinq millions de sans-papiers sans l’aval des parlementaires. La guerre est bel et bien déclarée aux républicains.
Le président démocrate joue son va-tout. À deux ans de sa sortie de la Maison-Blanche, il lutte pour assurer son héritage politique. Obama veut gommer son image d’«expulseur en chef» des immigrants clandestins. Aucun président avant lui n’avait déporté autant d’«illégaux».
À présent, avec son décret présidentiel, les gracias presidente fusent de toutes parts.
Univision, la grande chaîne de télévision hispanophone, a interrompu sa programmation régulière jeudi pour diffuser la bonne nouvelle d’Obama aux clandestinos vivant depuis cinq ans aux États-Unis et ayant un enfant américain. Dès le printemps, ils pourront sortir de l’ombre et demander un permis de travail de trois ans.
La décision-surprise d’Obama va fidéliser l’électorat latino au Parti démocrate. Hillary Clinton, probable candidate démocrate pour la présidentielle de 2016, a applaudi des deux mains.
Les républicains, eux, ne décolèrent pas. Obama se comporte comme un «empereur». Certains voudraient le démettre. L’envoyer en prison. De grands mots.
Même majoritaires au Sénat et à la Chambre des représentants, ils ne peuvent bloquer un décret présidentiel, «arme» qui n’est par ailleurs pas inscrite dans la Constitution. Mais tous les présidents en ont fait usage, notamment pour déclencher des opérations militaires à l’étranger.
«Pass a bill!» demande Obama à ses adversaires politiques. Sans loi, son décret pourrait bien voler au vent avec un successeur républicain. La rhétorique anti-immigrés empêche le Grand Old Party de voter une telle loi. Sa dérive droitière l’éloigne de la communauté hispanophone, pourtant plutôt conservatrice.
Sur le plan écologique, Obama cherche également à laisser sa marque dans l’histoire. Il se bat contre le projet de loi sur l’oléoduc Keystone XL devant acheminer le pétrole albertain jusqu’au golfe du Mexique.
Parallèlement, le 12 novembre, il annonçait un accord «historique» entre les États-Unis et la Chine pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Sur ces deux fronts écologiques, il y aura blocage institutionnel à cause de la majorité républicaine. À moins qu’Obama utilise sa plus puissante prérogative: le veto… qui peut être contourné par un vote des deux tiers au Sénat. Les républicains ont fait barrage à tous les projets de loi de Barack Obama. Sa réforme du système de santé est l’exemple le plus connu. Le président aura beau taper du poing, ses mains sont liées. Plus que jamais.