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«Croisières» de misère en Méditerranée

Photo: Getty

Entasser les clandestins comme des sardines dans des cargos rouillés ayant souvent servi à transporter du bétail: c’est la nouvelle méthode des passeurs qui font fortune avec leurs «croisières» en Méditerranée.

Ils sont passés maîtres dans l’économie d’échelle. Plus il y a de passagers sur leurs rafiots, plus grande est la marge bénéficiaire une fois payés le carburant et les pots-de-vin nécessaires au transport des candidats à une vie meilleure.

Depuis trois ans, ces derniers viennent majoritairement de Syrie, où la guerre civile a encore fait 76 000 morts l’an dernier. Ils sont «riches» comparés aux Africains fuyant la misère de leur continent. Ils peuvent en tout cas se payer la traversée jusqu’aux côtes italiennes. Prix moyen dans les soutes: 3000$. Sur le pont c’est plus cher. Dans les deux cas, cela ne comprend pas le gilet de sauvetage: 200$.

La Méditerranée a encore été un vaste cimetière l’an dernier avec 3072 morts, rappelle l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

«Un homicide de masse!», estime l’organisme basé à Genève, pour qui la Méditerranée est bel est bien «la route la plus mortelle du monde». C’est sans compter les naufrages fantômes dont on ne saura jamais rien.

En guise d’épitaphe, ils ont quand même droit à quelques paragraphes dans les médias. Plus de 160 000 migrants ont été secourus par la marine italienne en 2014. Coup sur coup, la semaine dernière, deux vieux cargos à la dérive, remplis à craquer de clandestins, ont été localisés, l’un en pleine mer Adriatique, l’autre au large de la Calabre.

Dans les deux cas, les trafiquants de migrants avaient abandonné les navires avec leurs passagers. Est-ce une nouvelle technique des passeurs? Être payé en moyenne 5000$ pour se retrouver derrière les barreaux à leur arrivée n’est, à l’évidence, pas une bonne affaire.

Sept mille passeurs ont été arrêtés l’an dernier, mais ils ne sont que de simples maillons dans la chaîne du lucratif trafic d’êtres humains.

Les gros poissons sont ailleurs. Ils sont constitués en réseaux mafieux et se frottent les mains. Sur les seules côtes libyennes, il y aurait actuellement au moins un demi-million de candidats prêts à tenter la traversée. Chaque cargo les conduisant en Europe s’achète pour moins de 150 000$. Bien rempli, il rapporte à son «commanditaire» un million de dollars par voyage.

La business est parfois mortifère, mais les recettes sont bonnes. À l’échelle planétaire, ce commerce est le plus juteux après celui de la drogue et des armes.

Les migrants clandestins seraient 200 millions dans le monde. Quinze millions auraient été transportés par des passeurs professionnels comme ceux qui opèrent sur le pourtour méditerranéen.

L’Europe ne peut pas, bien sûr, accueillir toute la misère du monde. Les trafiquants de migrants n’en ont cure. Ils ne font pas de l’humanitaire.

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