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Pas de concurrence entre les djihadistes

Al-Qaïda et le groupe État islamique, même combat? Il n’y a en tout cas «aucune» compétition entre les deux. Celle-ci n’existe que «dans l’imaginaire occidental».

Pour Tawfik Hamid, chercheur au Potomac Institute, un think tank de Washington, les deux nébuleuses, qui jusqu’en 2006 formaient une seule et même organisation, font front commun pour «causer le maximum de dégâts aux infidèles [non musulmans]».

Même si Daech (l’acronyme arabe d’État islamique) fait de l’ombre à Al-Qaïda, Hamid écarte toute idée de concurrence entre les djihadistes dans leur guerre contre l’Occident. Et peu importe leur rivalité, «chacun cherche à encourager ses jeunes radicaux à aller se battre pour sa cause, qui en définitive est la même», explique l’Américain d’origine égyptienne dans une entrevue téléphonique.

Un exemple? Amedy Coulibaly, qui a attaqué une épicerie juive à Paris et prêté allégeance au groupe État islamique, a déclaré avoir agi de concert avec les frères Kouachi, les auteurs de l’attentat contre Charlie Hebdo, affiliés à Al-Qaïda.

Même idéologie donc. Même projet. Plus riche, EI a cependant davantage de membres qu’Al-Qaïda. Mais, encore une fois, pour Tawfik Hamid, c’est bonnet blanc et blanc bonnet.

Il sait de quoi il parle. «Je vois les choses de l’intérieur.» Étudiant en médecine au Caire, il était membre de la Jamaa Islamiya, l’organisation islamiste égyptienne à laquelle appartenait Ayman al-Zawahiri, l’actuel chef d’Al-Qaïda qui aurait revendiqué l’attentat contre Charlie Hebdo et dont la tête est mise à prix 25 M$ par Washington.

«J’ai été un radical, mais pas un terroriste, car je ne suis jamais passé à l’acte», soutient Tawfik Hamid, 54 ans, qui a publié en 2008 Inside Jihad: Undertsanding and Confronting Islam. Craint-il pour sa vie? «Nous allons tous mourir, un jour! Moi, je ne veux pas mourir comme un lâche, mais comme un être humain.»

À Washington, il a fondé l’International Center for Countering Radicalism (ICCR), un organisme cherchant à «déradicaliser» de jeunes musulmans. Comment? Sur son site (ic4cr.org), l’ICCR mise sur des «contre-messages sur les réseaux sociaux […] afin de s’attaquer aux racines mentales et psychologiques de la radicalisation islamique».

Tawfik Hamid croit au pouvoir des mots et il ne rate pas une occasion de répéter ceci: «Je suis né dans la religion musulmane, mais je suis chrétien d’esprit et juif de cœur. Je suis surtout un être humain, opposé au fondamentalisme de l’islam.»

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