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Les personnes handicapées sont toujours invisibles

Mathieu Francoeur - Métro

Depuis le début de la crise sanitaire, les effets sociaux et économiques qui en découlent ont frappé de façon inégale les divers groupes de la société québécoise. Beaucoup d’acteurs et d’observateurs ont souligné que la situation actuelle agit comme révélateur des injustices systémiques et des discriminations quotidiennes vécues par les populations vulnérables ou minoritaires, dont les personnes handicapées.

Les personnes en situation de handicap et leurs proches ont été, de tout temps, mises de côté ou invisibilisées dans l’espace public. Malheureuseument, en cette période exceptionelle, elles sont encore plus oubliées dans les annonces et communications des élus et des gestionnaires publics et privés ainsi que dans les médias, qu’elles ne l’étaient avant la crise.

En cette Semaine québécoise des personnes handicapées (SQPH), nous tenons à rappeler que, bien avant la situation difficile que nous vivons collectivement, les personnes, les familles et les groupes communautaires se battaient pour améliorer l’accès à plusieurs services fondamentaux et pour le respect de leurs droits.

Par exemple, en santé et services sociaux, il y a depuis longtemps des problèmes chroniques de sous-financement et de listes d’attente dans plusieurs programmes et services comme le soutien à la famille, les activités de jour et les programmes socio-professionnels, les services de réadaptation en petite enfance, l’accompagnement et le répit pour les familles, etc.

Comment ne pas souligner la négligence historique de l’hébergement spécialisé et du soutien à domicile, véritable angle mort du Réseau de la santé et des services sociaux, qui sont devenus l’épicentre de la crise des dernières semaines?

Nous avons beaucoup parlé de la situation inacceptable des personnes âgées, mais peu de gens savent que des personnes en situation de handicap physique de moins de 65 ans résident dans les CHSLD, que des adultes ayant une déficience intellectuelle  ou un trouble du spectre de l’autisme (TSA) sont nombreuses dans les ressources intermédiaires et de type familial (RI-RTF) et que depuis près de trois mois, beaucoup de personnes handicapées habitant chez elles ont été privées de leurs services d’aide à domicile.

Que faisons-nous des droits de ces personnes et des ces familles, autant ceux enchâssés dans les chartes des droits, dans les conventions internationales que ceux incluent dans la Loi sur les services de santé et sur les services sociaux (LSSS)? Déjà que ces droits étaient bafoués régulièrement en temps «normal»…

Nous sommes inquiets non seulement des situations dramatiques actuelles dans lesquelles se retrouvent de nombreuses personnes, mais aussi de la situation qui prévaudra dans quelques semaines ou quelques mois pour les services et programmes leur étant réservés. Depuis un an et demi, le gouvernement de la CAQ a annoncé certaines sommes pour répondre à quelques besoins, mais en raison des années de compressions et  de réorganisations, jumelées à des besoins en croissance, elles sont largement insuffisantes.

Bientôt, le gouvernement va publier sa mise à jour économique. Avec un déficit important appréhendé, que restera-t-il pour améliorer les services sociaux et de santé, mais aussi le transport adapté, les services d’éducation spécialisés, l’accessibilité universelle, le logement adapté et autres programmes? Lorsqu’on nous dira qu’il faut «assainir les finances publiques», «se serrer la ceinture en période de récession», «relancer les secteurs de l’économie durement touchés», les personnes en situation de handicap et les familles seront-elles encore une fois «sacrifiées» et oubliées?

Mathieu Francoeur, Mouvement PHAS (Personnes handicapées pour l’accès aux services)

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