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Six mois de coronavirus: de pandémie à crise des droits humains

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La police anti-émeute arrête des manifestants dans le district de Mongkok en mai 2020 à Hong Kong. Photo: Anthony Kwan/Getty Images
Miguel Velazquez - et Zacharie Goudreault, Metro World News

Le nouveau coronavirus s’échange d’humain à humain depuis le 8 décembre, selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pour souligner les 6 mois de la pandémie, Métro publie une série de textes faisant l’état de la situation.

La pandémie du nouveau coronavirus pourrait déclencher une importante crise des droits humains, en s’attaquant notamment à nos habitudes de vie et à notre vie privée, tout en exacerbant des problèmes de profilage racial et social au sein des forces policières.

«Comme conséquence du virus, on peut voir clairement ce qui arrive quand les sociétés priorisent le droit à la santé avant le droit à la sécurité sociale à d’autres droits fondamentaux», évoque à Métro le chercheur à l’Institut Raoul Wallenberg des droits de l’homme et du droit humanitaire, en Suède, Matthew Scott.

Au Québec, le gouvernement Legault a mis en place rapidement dans les derniers mois une série de mesures visant à limiter la propagation du coronavirus. Il a notamment ordonné la fermeture de tous les commerces non essentiels en plus de limiter les déplacements d’une région à l’autre pendant plusieurs semaines. Les policiers ont aussi reçu la directive de remettre des amendes salées aux personnes ne respectant pas la règle de distanciation physique de deux mètres.

Si ces décisions ont affecté le quotidien des Québécois, elles ont toutefois permis de limiter les impacts de la crise sanitaire sur le droit à la santé, contrairement à d’autres régions du monde.

«L’un des exemples les plus flagrants est le Brésil, où le président a ignoré et découragé les mesures de distanciation physique et de confinement imposées par les gouverneurs des États et les maires des villes, et où les systèmes hospitaliers sont maintenant au bord de l’effondrement», soulève le professeur spécialisé dans les droits de l’homme à l’Université de Nottingham, au Royaume-Uni, Aoife Nolan.

Traçage numérique

Plusieurs experts s’inquiètent aussi des risques de dérives que représentent les applications de traçage numérique mises en place dans différents pays dans le but de limiter la propagation du coronavirus. Au Québec, le projet d’application de recherche de contacts de l’Institut québécois d’intelligence artificielle (MILA) soulève de nombreuses préoccupations.

«Une application correctement conçue, qui répond au respect de la vie privée par la mise en place de garanties adéquates est non seulement possible, mais pourrait jouer un rôle vital dans la gestion de la pandémie», estime le professeur des droits de l’homme à l’Université de Bristol, au Royaume-Uni, Steven Greer.

Délicat profilage

La pandémie du coronavirus, en entraînant une augmentation de la présence policière dans les lieux publics, «exacerbe» aussi les problèmes de profilage racial et social dans notre société, estime la première vice-présidente de la Ligue des droits et libertés, Alexandra Pierre.

«On l’a vu notamment avec les personnes en situation d’itinérance, qui se font arrêter parce qu’elles ne peuvent pas respecter les mesures de confinement ou de distanciation sociale. Or, le problème, c’est qu’elles ne peuvent pas respecter ces règles en raison de leur statut social», soulève Mme Pierre.

La semaine dernière, le Service de police de la Ville de Montréal a d’ailleurs démantelé plusieurs campements mis en place par des personnes en situation d’itinérance dans des parcs de la métropole, ce qui a soulevé l’ire de plusieurs organismes communautaires.

Protection sociale

Québec et Ottawa n’ont pas tardé à agir pour limiter les impacts de la crise sanitaire sur la situation financière de millions de Canadiens. Ottawa a notamment mis en place la Prestation canadienne d’urgence (PCU), qui offre un soutien de 2 000$ par mois aux travailleurs ayant perdu leur emploi ou vu leurs revenus fondre en raison de la pandémie. 

«Il ne faut pas oublier qu’elle est imposable, la PCU. Il y a des personnes qui vont avoir une surprise l’an prochain quand elles vont devoir en rembourser une partie», prévient la professeure en sciences juridiques à l’UQAM et vice-présidente de la Ligue des droits et libertés, Lucie Lamarche. Cette dernière craint donc que de nombreux travailleurs à faible revenu se retrouvent dans une situation encore plus précaire l’an prochain.

«Les plus vulnérables, que vont-ils faire avec des avis de cotisation qui leur annoncent de mauvaises nouvelles, soit qu’ils doivent de l’argent à l’impôt au lieu d’en recevoir, comme d’habitude?»

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