Les papillomavirus humains, transmissibles par le sang?
Des scientifiques américains ont découvert que les papillomavirus humains pouvaient être transférés par le sang chez le lapin et la souris. À la lumière de ces résultats, les chercheurs évoquent la possibilité que le papillomavirus puisse également se transmettre par le sang chez les humains.
Les papillomavirus humains (PVH) font partie des infections sexuellement transmissibles les plus courantes. Très fréquentes, on estime que 8 femmes sur 10 sont exposées au virus au cours de leur vie. Le virus se transmet le plus souvent au tout début de l’activité sexuelle d’un individu, précise l’Organisation Mondiale de la Santé.
Bien que le PVH soit souvent inoffensif et disparaisse de lui-même, il peut parfois causer des verrues génitales ou évoluer vers un cancer du col de l’utérus ou de la bouche. Mais le rapport sexuel ne serait peut-être pas le seul mode de transmission, avancent des scientifiques de l’université de Pennsylvanie (Etats-unis).
La présence du virus PVH a en effet été décelée dans le sang de modèles animaux, après des expériences réalisées sur des souris et des lapins. Les PVH étant, comme leur nom l’indique, spécifiquement humain, ils ne sont pas transposables directement sur les modèles animaux. Il existe toutefois plusieurs souches différentes de papillomavirus chez les animaux assez similaires qui peuvent aider à comprendre le fonctionnement du virus sur l’organisme humain.
Des traces du virus dans les organes génitaux et l’estomac
C’est en partant de ce postulat que les scientifiques, dont les travaux sont publiés dans la revue Emerging Microbes & Infections, ont injecté le virus dans la circulation sanguine de lapins. Au bout de quatre semaines, des tumeurs sont apparues chez ces animaux, preuve que le virus avait traversé la circulation sanguine et causé une infection, avancent les auteurs de l’étude.
Afin de savoir si le virus transmis par le sang pouvait être responsable des infections des muqueuses et surtout à l’origine d’un cancer du col de l’utérus, les chercheurs ont poursuivi les expériences sur des souris. Ils ont constaté que non seulement le virus se retrouvait dans les muqueuses comme la langue et les organes génitaux, mais qu’ils l’avaient aussi trouvé dans l’estomac.
La question reste à savoir si ce virus peut se propager lors de transfusions sanguines. «Beaucoup de personnes porteuses du PVH et asymptomatiques ont encore le potentiel de propager le virus. Si une personne reçoit une transfusion sanguine à cause d’un problème de santé, il ne faut pas en ajouter une autre par accident», estime Jiafen Hu, professeur adjoint de pathologie et de médecine de laboratoire au Penn State College of Medicine, qui a participé à l’étude.