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Décrypter le phénomène ASMR

Décrypter le phénomène ASMR
Photo: Anna Elizabeth/Unsplash

À en croire les millions de vidéos qui circulent sur Youtube, le phénonène ASMR (de l’anglais Autonomous Sensory Meridian Response) fait de plus en plus d’adeptes. Le concept ? Des petits bruits anodins, comme le passage d’une brosse sur des cheveux ou le tapotage de doigts sur des surfaces dures, qui réduisent fortement l’anxiété de ceux qui l’écoutent.

L’ASMR, que l’on peut traduire par «réponse autonome sensorielle culminante», se définit comme une sensation agréable de picotements ou de frissons au niveau du crâne, du cuir chevelu ou des zones périphériques du corps.

«C’est un mot apparu en 2010, mais ce n’est pas un terme scientifique, explique le chercheur en psychologie de l’Université d’Ottawa, Jean-Philippe Thivierge. Il provient de la communauté des internautes, qui décrivaient des sensations de petits picotements, comme un genre de frisson de plaisir. Pour nous les chercheurs, c’est assez nouveau. Cela fait à peine une dizaine d’années qu’il y a des études là-dessus.»

Qu’en dit la science?

Les personnes qui écoutent (et regardent) de l’ASMR le font parfois pour ressentir la fameuse sensation de picotement et parfois simplement pour se relaxer. «Beaucoup de personnes regardent ça pour diminuer leur anxiété», dit M. Thivierge. Depuis deux ans, son département s’intéresse davantage aux réponses du cerveau dans le cadre de recherches très nouvelles.

Pour le moment, une trentaine d’études totales ont été publiées et revues par les pairs sur le sujet, ce qui n’est pas beaucoup. «Mais les études tendent à montrer qu’en écoutant l’ASMR, certaines zones du cerveau sont activées, comme celle de la dopamine associée au bonheur immédiat, et d’autres zones sont moins activées, comme les préfrontales, qui sont responsables des fonctions exécutives et associées à un certain stress», résume le chercheur.

Il voit en l’ASMR une avenue éventuellement intéressante comme traitement clinique complémentaire puisqu’il n’y a pas d’effet secondaire et que les bienfaits sont ressentis par des personnes, de façon très subjective cependant. «Ça ne remplace pas la psychothérapie et la médication, avertit-il. Ce n’est pas le temps d’abandonner la médication prescrite.»

À qui ça plaît?

Pour M. Thivierge, la réponse au phénomène est très subjective. «Mais chez les personnes qui rapportent ressentir des bienfaits, on peut reconnaître quelques traits communs. Cela semble être des gens plus ouverts à de nouvelles expériences, avec une vie intérieure plus riche et une moins grande tendance à être extravertis. […] On a aussi remarqué qu’il y a des gens qui ne répondent pas du tout à l’ASMR et qui en sont même agacés», explique-t-il en mentionnant que l’aspect auditif seulement peut fonctionner, mais que le visuel peut augmenter la réponse.

Exemples de bruits exploités dans les vidéos

Il y en a pour tous les goûts. Certaines personnes peuvent ressentir du plaisir à écouter des bruits de papier froissé, tandis que d’autres raffolent des doigts qui tapent sur une surface dure ou encore des chuchotements. On peut trouver des personnes qui emballent des cadeaux, qui écrivent, qui tournent des pages ou encore des livres lus en chuchotant, du rangement de sacoches ou encore une simulation de brossage de cheveux.

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