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Une 1re entreprise en construction pro-LGBTQ2S+

Olivia Naud travaille chez EAC Construction, la première entreprise en construction ouvertement LGBTQ+
Olivia Naud travaille chez EAC Construction. Photo: Gracieuseté / EAC Construction Inc.

ANALYSE – La construction, ce n’est pas réservé qu’aux machos, mais bien aux passionnés de bâtiment de tous horizons. Et c’est ce que martèle EAC constructions Inc., première entreprise de construction ouvertement pro-LGBTQ2S+ au pays.

Il faut savoir que, dans le milieu, la «masculinité toxique» est très présente, dénonce d’emblée le cofondateur et directeur administratif d’EAC constructions Inc., Nicolas Wegel.

«En passant sur les chantiers, au milieu de nos employés, j’ai commencé à entendre des expressions qui ne me plaisaient pas comme ‘ne tiens pas ton marteau comme un fif’», se rappelle-t-il.

En 2017, Nicolas Wegel a donc décidé d’entreprendre des actions dans le but de rendre son entreprise plus inclusive pour les femmes et les personnes issues de la communauté LGBTQ2S+.

La première étape a été d’inscrire la compagnie comme membre de la Chambre de commerce LGBT du Québec. Fondée en 1997, l’institution a comme mission de représenter et faire rayonner la communauté d’affaires LGBTQ+ auprès des milieux socioéconomiques et gouvernementaux.

La construction, milieu inclusif? 

En consultant le répertoire des membres, on remarque que EAC constructions Inc. est l’unique entreprise issue du secteur d’activité «construction, rénovation, décoration». 

Nicolas Wegel, propriétaire de la première entreprise de construction ouvertement pro-LGBTQ+ au Canada.
Nicolas Wegel, propriétaire de la première entreprise de construction ouvertement pro-LGBTQ+ au Canada.

Peu de temps après son inscription au Québec, la Chambre de commerce LGBT du Canada a contacté l’entreprise à son tour comme elle non plus ne comptait pas de membre du milieu de la construction. 

«Je trouve cela assez dommage qu’on classe les gens en fonction de leur sexualité. On n’est pas surpris d’avoir un designer de la communauté LGBTQ2S+, mais on est surpris qu’il y ait une personne gaie ou trans sur un chantier», déplore Nicolas Wegel. 

Dans le même ordre d’idée, M. Wegel se désole des préjugés envers les femmes en construction. «Si une femme est un peu trop apprêtée, on considère qu’elle n’a pas de force et qu’elle est juste là pour faire jolie. Si, par contre, elle est forte, c’est tout de suite une lesbienne. Ça n’a aucun sens», ajoute-t-il.

Dès l’embauche, Nicolas Wegel explique les valeurs de l’entreprise aux nouveaux employés. Ils se doivent de les respecter sans quoi ils seront renvoyés. 

Le cofondateur ne s’en cache pas, cela rend le recrutement difficile, alors que l’industrie de la construction est déjà en manque de main-d’œuvre. 

Des employés qui s’assument pleinement

EAC constructions Inc., basée dans le Village, se donne par ailleurs comme première mission d’offrir un environnement de travail inclusif et sécuritaire à ses salariés. 

Ces derniers se composent à 50% de membres de la communauté LGBTQ2S+. De plus, 35% des 20 employés sont des femmes qui occupent, pour la majorité, des «postes clés».

«On veut permettre aux gens de faire le travail qu’ils aiment dans de bonnes conditions sans avoir à changer qui ils sont ou sans qu’ils aient peur des représailles si jamais ils assument qui ils sont», précise Nicolas Wegel. 

Selon une étude publiée en juin 2020 par le cabinet international de conseil en stratégie McKinsey & Company, un peu plus qu’un quart des répondants LGBTQ2S+ ne s’affichent pas ouvertement au travail.

Cheffe de chantier au sein d’EAC constructions Inc. depuis janvier dernier, Olivia Naud affirme qu’elle peut enfin partager ouvertement sa relation homosexuelle au travail. 

«C’est sûr qu’au début, quand on rentre dans une compagnie, on se pose souvent la question ‘j’en parle tu ou je n’en parle pas?’. C’est une question que peut-être les hétéros ne se posent pas automatiquement, mais moi je vais me la poser avant», explique-t-elle.

Or, grâce aux initiatives mises en place par son employeur pour créer un environnement inclusif, Olivia Naud sait qu’elle ne sera pas jugée. «C’est un poids de moins à porter», dit-elle. 

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