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Des femmes regrettent d’avoir dénoncé Julien Lacroix 

Julien Lacroix
Julien Lacroix lors de son entrevue avec «Le Devoir». Photo: Capture d'écran

Des femmes regrettent d’avoir dénoncé l’humoriste Julien Lacroix en 2020, selon un dossier de La Presse et du 98,5 FM publié ce matin.  

Les journalistes Isabelle Hachey et Marie-Ève Tremblay reviennent sur des allégations d’inconduites et d’agressions sexuelles qui ont ciblé Julien Lacroix en 2020, l’obligeant à quitter la vie publique. 

Redonnant la parole à des femmes ayant témoigné il y a deux ans dans Le Devoir – elles étaient neuf au total – les journalistes indiquent que leur objectif n’est pas d’absoudre Julien Lacroix ou de renier le mouvement #MoiAussi, mais plutôt «de poser un regard critique sur ce phénomène planétaire […] d’en exposer les limites, tout comme les risques de dérapage», peut-on lire dans cette longue enquête publiée par La Presse

Si certaines dénonciatrices de l’humoriste maintiennent leur témoignage, d’autres affirment avoir subi des pressions de leur entourage pour témoigner ou encore avouent ne jamais s’être considérées comme victimes de Julien Lacroix. 

Un espoir déçu 

Ex-conjointe de Julien Lacroix, Geneviève Morin a été de l’enquête du Devoir. Cette dernière espérait qu’en racontant son histoire elle pourrait s’en libérer, mais c’est exactement le contraire qui s’est produit, a-t-elle confié à La Presse

Deux ans plus tard, Mme Morin regrette de ne pas avoir été plus nuancée.  

En entrevue sur ICI Première, la professeure au Département des sciences juridiques de l’UQAM Rachel Chagnon a affirmé qu’on «voit ça plus souvent qu’on pense», des victimes alléguées qui reviennent sur leur témoignage. Elle a également souligné la «relation complexe» de ce qui est ou n’est pas une agression sexuelle, perception qui peut aussi être influencée par les liens qu’une personne a avec un.e présumé.e agresseur.se.     

«Il se pourrait très bien que si vous les recontactez dans un an ou deux, elles aient encore changé d’avis», a déclaré Mme Chagnon au micro de Patrick Masbourian. 

Un propos salué sur Twitter par l’autrice, journaliste et conférencière Marilyse Hamelin, qui considère cette intervention de Mme Chagnon comme «l’affaire la plus éclairante toutes plateformes confondues à propos de l’article/reportage/chronique de La Presse de ce matin». 

Considérant que le ton et la teneur de l’article sur Julien Lacroix le placent en victime, l’écrivaine a également tenu à rappeler que «poursuivre une relation sexuelle alors qu’une des parties demande d’arrêter constitue une agression sexuelle».

L’animateur et chroniqueur politique Nic Payne a pour sa part qualifié cette affaire de «lamentable gâchis, notamment journalistique».

«Ceux qui ont “fait” cette nouvelle auraient dû […] agir avec plus de nuance et de discernement», a soutenu le chroniqueur, ajoutant que le plus triste dans cette histoire, c’est que «la cause, urgente et extraordinairement importante, du combat contre les violences faites aux femmes, risque d’avoir été mal servie par telle instrumentalisation».

Les limites d’un mouvement 

Interrogée sur le débat entre la justice criminelle et la justice sociale, ainsi que les limites de ce «tribunal populaire», Rachel Chagnon a mentionné que le changement social ne s’opère pas en un claquement de doigts, mais s’étend sur des générations. 

«Est-ce qu’il y avait des attentes un peu trop élevées? a-t-elle demandé lors de son intervention à Tout un matin. Dans la justice criminelle, il y a un système organisé et médié, c’est-à-dire qu’il y a quelqu’un qui, au nom de la collectivité, prend sur lui d’entendre la cause, de poser un jugement, de rendre une sentence et d’imposer une peine.»  

«Avec la justice sociale, on n’a pas cette espèce d’unification des voix ou de cohésion des voix», a poursuivi Mme Chagnon.

C’est une justice à voix multiples: chacun a son opinion, chacun va poursuivre son propre objectif; il n’y a pas de dialogue et il n’y a pas de médiation. Donc ça rend ça difficile lorsqu’on veut établir une peine et ce qu’on veut comme transformation.  

Rachel Chagnon, professeure au Département des sciences juridiques de l’UQAM

Bien qu’Isabelle Hachey soutienne dans son article que l’objectif n’est pas de remettre en cause la démarche journalistique adoptée par les médias dans les enquêtes de ce type, elle indique avoir sollicité une entrevue auprès du journal Le Devoir.  

«Le quotidien a accepté notre demande, à condition d’obtenir nos questions à l’avance. Nous avons refusé cette condition», peut-on lire dans l’article de La Presse

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