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La crise du logement nuit au développement des enfants

La crise du logement nuit au développement des enfants selon les organismes Mères avec pouvoir et l'Observatoire des tout-petits. Photo: iStock

Il n’y a pas que les adultes qui subissent les contrecoups de la crise du logement: ce phénomène affecte négativement le développement des enfants, à cause de la mauvaise qualité des logements que doivent occuper les familles monoparentales en raison du manque d’offres sur le marché.

C’est ce que remarquent l’Observatoire des tout-petits et l’organisme Mères avec pouvoir, dont la mission est d’offrir à des femmes cheffes de familles monoparentales en situation de précarité, l’accès à un logement social transitoire dans un contexte difficile à ce niveau.

«L’augmentation du coût de la vie et du logement à la suite de la pandémie a entrainé une hausse des familles en situation de vulnérabilité, affirme la directrice de l’Observatoire des tout-petits, Fannie Dagenais. Dans un sondage qu’on a réalisé en juillet dernier, 76% des familles monoparentales locataires disent avoir changé leurs habitudes de vie pour arriver à payer leur loyer, causant son lot de stress. Malheureusement, la crise du logement fait en sorte que plusieurs familles doivent se contenter d’un appartement de moins bonne qualité et qui affecte directement le développement des enfants.»

L’importance du milieu de vie

Ces familles monoparentales, majoritairement composées de femmes doivent souvent faire le choix d’un appartement trop petit où la qualité de l’air est moins bonne et où il peut y avoir une présence d’insalubrité. Cela vaut également pour le quartier sélectionné, qui n’offre pas toujours de parcs ou d’espaces pour que les enfants socialisent entre eux. Ces conditions nuisent directement à leur développement, et leur bien-être.

«Il est important que l’enfant ait accès au sol pour atteindre son plein potentiel de développement, notamment pour apprendre à marcher, développer sa proprioception et sentir qu’il a de l’espace, explique la directrice générale de Mères avec pouvoir, Valérie Larouche. Si le sol est infecté de vermines ou de moisissures, la mère va souvent choisir de maintenir son enfant dans sa bassinette, ce qui limite les chances d’épanouissement.»

Elle ajoute qu’un appartement trop petit où la mère ou le parent doit dormir, ou être en télétravail, en présence de son enfant l’empêche d’avoir accès à un lieu pour se poser et décrocher. Ceci alimente le stress et l’anxiété, et augmente en retour les risques de maltraitance.

On est tous humains et on a tous besoin d’endroits pour se détendre et relaxer après une journée de travail. Si le parent revient à la maison ou qu’il y travaille déjà et que l’enfant manifeste son inconfort à cause de l’environnement dans lequel il se trouve, cela peut stimuler un sentiment d’incompétence parental qui peut ensuite entrainer des comportements problématiques de la part du parent à l’égard de son enfant.

Valérie Larouche, directrice générale de Mères avec pouvoir

En plus d’un logement, l’organisme offre un soutien psychosocial aux femmes cheffes de famille en plus d’une place en garderie pour les enfants. L’organisme ne peut offrir que 30 logements à la fois et la liste d’attente est déjà bien pleine, ce qui met en lumière la demande pour ce genre de service.

«On commence à remarquer que les mères n’arrivent pas à trouver de logement après les cinq ans passés chez nous. Cette situation est nouvelle, et on ne veut pas qu’elles se retrouvent dans une situation de précarité. Cependant, plus le délai est long, plus l’insertion sur le marché du travail prend du temps, ce qui allonge les conséquences néfastes sur l’enfant et le parent.»

Mieux prévoir

Une meilleure planification urbaine créerait les espaces nécessaires pour que les familles monoparentales puissent s’établir dans des quartiers qui répondent à tous leurs besoins, et ce, à une distance raisonnable, ce qui éviterait aux parents de se déraciner pour s’éloigner davantage du centre de Montréal pour trouver un logement abordable.

«En ce moment, les permis de construction n’intègrent pas à la base la mise sur pied d’écoles ou de garderies. Nous ce qu’on propose, c’est que lorsqu’un nouveau quartier est construit, la réflexion devrait déjà être faite pour qu’il y ait une présence d’écoles ou de garderies pour faciliter l’accès à ces services. En planifiant déjà l’implantation de jeunes familles, on offre à des mères monoparentales une proximité à un lieu de travail, à une garderie en plus de favoriser le développement des enfants et celui économique d’un secteur.»

Même son de cloche pour Fannie Dagenais, qui précise que les condos construits à l’heure actuelle ne répondent pas vraiment aux besoins des jeunes familles, contrairement aux logements sociaux, moins chers et offrant souvent plus d’espace.

«Il y a beaucoup de condos qui se construisent actuellement à Montréal, mais le problème est que pour des familles monoparentales avec deux enfants, c’est difficile d’offrir des espaces pour que ces derniers puissent se développent à leur plein potentiel. Les condos ne sont pas adaptés généralement pour de jeunes familles par manque d’espace, et sont souvent bien plus chers.»

«Au-delà d’avoir une salle à langer dans les salles de bains, il doit y avoir des normes de logement plus propices au développement des enfants. On ne devrait pas avoir à stresser pour la vie de son enfant, et des ressources comme la nôtre existe, et c’est pour ça qu’on veut créer un deuxième centre dans l’Esplanade Cartier pour répondre davantage aux besoins des mères monoparentales», conclut Valérie Larouche.

Qu’est-ce que Mères avec pouvoir?

Mères avec pouvoir, organisme situé au coin des rues Fullum et Ontario dans Centre-Sud, existe depuis les années 1990. Au moment de sa fondation, ce quartier contenait la plus grande proportion de mères monoparentales en situation de vulnérabilité au Canada. Comme l’indique son site web, l’organisme «facilite le cheminement des femmes grâce à l’accès à un logement social transitoire (pour 3 à 5 ans), un soutien communautaire et individuel et une place en CPE pour leurs enfants».

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