Aperçu d’Apple News en français au Canada
Plus de trois ans après son lancement aux États-Unis, l’agrégateur de nouvelles Apple News arrive aujourd’hui au Canada, avec la mise à jour bêta d’iOS 12.2. S’il manque encore un peu de polissage au service pour que celui-ci soit prêt pour le grand public, surtout du côté français, l’application devrait quand même déjà plaire aux amateurs d’informations.
Apple News rassemble dans une application des articles provenant de dizaines de sources journalistiques connues et classés selon les champs d’intérêts des utilisateurs. Le concept n’a rien de bien nouveau, Google offre quelque chose de similaire depuis des années, mais l’offre d’Apple se démarque tout de même de plusieurs façons.
Le contenu est tout d’abord choisi par de véritables journalistes. Il est possible de suivre un média précis pour accéder à tous ses articles, mais le contenu proposé sur la page d’accueil de l’application et dans section En vedette est sélectionné par des humains, et non des algorithmes. Des journalistes épluchent quotidiennement les journaux, magazines et sites web partenaires de la plateforme pour trouver le contenu qui se démarque et qui risque d’attirer l’attention.
Par rapport à l’offre de Google, celle d’Apple permet généralement de trouver du meilleur contenu en dehors de nos principaux centres d’intérêt, mais elle creuse moins nos sujets de prédilection. Après quelques semaines d’utilisation de la version anglophone, j’ai intégré le service à mes habitudes de consommation d’actualités en le consultant plusieurs fois par jour. J’y ai découvert plusieurs articles intéressants, qui n’ont souvent pas été partagés ailleurs dans mon réseau.
Autre différence importante, Apple News offre un programme de partage des revenus avec les médias, qui conservent tous les revenus publicitaires sur la plateforme lorsqu’ils vendent eux-mêmes les annonces, et 70% des revenus lorsqu’Apple les vend pour eux.
Une enquête publiée par Slate l’année dernière indiquait qu’Apple News était de plus en plus populaire pour les médias, mais que les revenus étaient encore minimes. Une simple visite du service permet d’ailleurs de confirmer que les annonces y sont particulièrement rares.
Notons que le gadget logiciel Apple News, qui s’affiche par défaut sur l’iPhone et l’iPad, est pour sa part plus payant. Selon un sondage effectué en novembre pour Les Échos, 25% du trafic mobile des grands sites d’information français pourrait serait lié au gagdet logiciel d’Apple. Ce dernier redirige pour l’instant toujours vers les sites web des médias, mais aux États-Unis, où Apple News est bien implanté, le gadget redirige plutôt vers l’application d’Apple directement.
Bref, les médias québécois qui jouissent actuellement d’un bon trafic sur leur site web grâce à l’iPhone et l’iPad pourraient être forcés de rejoindre Apple News pour pouvoir continuer d’en profiter.
Un expérience appelée à évoluer
Apple News – dont le nom n’a pas été traduit en français – offre pour l’instant un contenu francophone limité. Le seul contenu francophone référencé est celui de La Presse, Radio-Canada, Chatelaine, L’actualité, RDS, TVA Nouvelles, TVA Sports, Le Devoir, Le Journal de Québec et du Huffington Post. Seuls quelques-uns de ces sites sont complètement intégrés à la plateforme, comme La Presse, L’actualité et RDS. Les autres n’affichent encore qu’un lien vers l’article complet sur leur site web.
La section En vedette offre du contenu purement francophone occasionnellement, alors que la page d’accueil, elle, propose du nouveau contenu quelques fois par jour. Ceux qui ne suivent que des sources francophones auront accès à des articles francophones seulement, tandis que ceux qui suivent des sources dans les deux langues auront accès à du contenu bilingue. En français, les sections par sujets m’ont semblées moins pertinentes que leur équivalent anglophone pour l’instant. Les titres importants s’y retrouvent, mais on fait moins de découvertes.
L’offre francophone devrait être bonifiée d’ici le lancement officiel du service, à une date qui n’a pas encore été annoncée. Pour que la situation s’améliore, il faudra évidemment que plus de médias s’ajoutent à Apple News, mais surtout qu’Apple se dote du personnel nécessaire pour éplucher le tout jour après jour et offrir une véritable curation, qui évolue au fil de la journée et de la soirée.
Reste à voir si le marché québécois sera assez grand aux yeux de la multinationale pour justifier un tel investissement.