Apple News: les bons coups et les ratés
Apple a lancé la semaine dernière au Canada Apple News et Apple News+. Après sept jours d’utilisation, force est de constater que ces deux services marquent plusieurs points, notamment grâce à leur excellente curation, mais que l’expérience pourrait encore être peaufinée.
Les utilisateurs d’iPhone, d’iPad et de Mac ont maintenant accès à de nouveaux outils pour consulter l’actualité: Apple News, un agrégateur de nouvelles gratuit, et Apple News+, une plateforme par abonnement permettant d’accéder à des magazines payants. Alors que les agrégateurs de la Silicon Valley emploient habituellement des algorithmes pour choisir quelles actualités vous proposer, les services d’Apple reposent plutôt sur le travail de véritables journalistes.
Ce qui fonctionne
Une curation de qualité
Une chose est certaine, la curation humaine effectue un meilleur boulot que les algorithmes de Google, de Facebook ou de Twitter pour proposer une information de qualité. Les nouvelles les plus importantes sont toujours présentes, elles sont fréquemment mises à jour et elles offrent un tour d’horizon assez complet de ce qui se passe dans une journée, et ce, tant en français qu’en anglais.
Contrairement à ce qui est souvent le cas avec les algorithmes, on évite aussi le sensationnalisme. Depuis que les nouvelles en français sur le widget Apple News de l’iPhone sont choisies par des humains, et non par un logiciel comme auparavant dans la langue de Molière, on observe d’ailleurs une diminution marquée de la présence de certains commentateurs populistes et des titres accrocheurs conçus pour amasser des clics.
Un bon outil de découverte (surtout en anglais)
Apple News et Apple News+ sont d’excellents outils de découverte, du moins en anglais. La grande banque de magazines et de médias permet à l’équipe éditoriale de nous présenter des articles approfondis, que l’on aurait probablement ratés sans les services, et ce, autant avec le volet gratuit qu’avec le volet payant.
En français, cet avantage est plus limité, puisque les sources sont plus rares. Apple News offre en grande partie les textes de La Presse, de Radio-Canada, du Soleil, du Huffington Post et du Devoir, des médias qui sont déjà consultés par les amateurs d’actualités. Avec Apple News+, on peut accéder à des articles payants qui nous auraient peut-être échappé avant, mais avec une vingtaine de titres francophones seulement (incluant L’actualité, Châtelaine et Sélection), le potentiel de découverte est forcément plus petit.
Ce qui devra être amélioré
Contenu francophone limité
Un lecteur qui ne consulte l’information qu’en français pourra utiliser Apple News pour avoir un bon aperçu de ce qui se passe dans le monde et au Canada, mais son abonnement à Apple News+ sera plus difficile à justifier. Le prix de 12,99$ par mois est peut-être approprié pour accéder à 300 magazines, mais il est cher pour 17 seulement. Mieux vaut donc s’abonner directement aux magazines que l’on aime.
Utilisation bilingue difficile
S’il est aisé de lire les magazines d’Apple News+ dans les deux langues, passer d’une langue à l’autre dans Apple News est assez complexe. L’outil n’a tout simplement pas été conçu pour une utilisation de la sorte. Faciliter la consultation en anglais et en français améliorerait certainement l’expérience.
Des versions Android et Windows espérées
En offrant des services sur iOS et macOS uniquement, Apple espère convaincre ses utilisateurs de demeurer dans son écosystème à long terme. On comprend le raisonnement, mais un marché ouvert est meilleur pour les consommateurs.
On n’a pas l’impression de lire un magazine
Les magazines sur Apple News+ s’affichent généralement dans un format développé par Apple, qui s’adapte à tous les formats d’écran et uniformise l’expérience d’un titre à l’autre. On perd un peu l’expérience de lire et de feuilleter un magazine, et tout finit par se ressembler. Bref, ceux qui aiment les magazines ne seront probablement pas séduits par Apple News+.
Ce n’est peut-être pas une mauvaise chose non plus, cela dit. Ceux qui sont abonnés à des revues pourront conserver leur abonnement, et peut-être que le service d’Apple pourra au contraire attirer un nouveau public. Ce n’est peut-être que de cette façon qu’Apple News+ pourra être considéré comme un second souffle pour les médias en crise plutôt que comme un dernier clou dans leur cercueil.