Ancestors: The Humankind Odyssey vaut le détour
Un bon jeu vidéo pour moi est un titre dans lequel je peux me perdre pendant des heures sans voir le temps passer, et qui continue à me hanter par la suite. Le nouveau Ancestors : the Humankind Odyssey, un jeu qui nous fait revivre des millions d’année d’évolution humaine d’une façon souvent brutale, répond tout à fait à cette définition.
Ancestors: the Humankind Odyssey est un jeu de survie, d’exploration et d’apprentissage, où l’on incarne nos ancêtres primates dans la jungle africaine luxuriante (et magnifique!) il y a dix millions d’année. Au début, les singes de notre clan ne connaissent pratiquement rien du monde qui les entoure. En sortant un peu de notre campement, en essayant de manger différentes baies, en arrachant des branches des arbres et en explorant nos environs on apprend toutefois petit à petit à s’épanouir dans cet environnement.
Il n’y a ici pratiquement aucun moment scripté, ni aucune histoire (ce qui surprend, considérant le curriculum vitae de son créateur Patrice Désilet, à qui l’on doit notamment les premiers Assassin’s Creed). Le récit derrière Ancestors n’est pas ce qui y est dit, mais plutôt le monde que l’on découvre.
Les premiers moments d’Ancestors sont surtout passés à apprivoiser le jeu lui-même. Sauter d’arbre en arbre nécessite par exemple un peu de pratique pour ne pas tomber et se briser les jambes, et il faut expérimenter avec tout ce que l’on trouve afin de comprendre par exemple qu’une certaine herbe nous permet de résister au froid, et qu’une autre peut être retirée de sa tige et appliquée sur notre corps pour nous guérir des coupures.
Chaque action permet à notre cerveau de se développer. On peut profiter de nos nouvelles capacités après une bonne nuit de sommeil au camp, mais il faut sauter une génération pour que notre clan intègre ce développement pour toujours. D’autres capacités sont quant à elles obtenues lorsque l’on évolue et que l’on fait un saut dans le temps (car non, vous ne jouerez pas toutes les dix millions d’années une après l’autre).
Tout ceci paraît simple? Ce ne l’est pas. Ce que j’ai résumé en deux paragraphes m’a probablement pris cinq heures de jeu à découvrir, sans compter le lancement d’une nouvelle lignée parce que tout le monde était mort dans mon clan précédent. Et après ces cinq heures, je n’étais toujours qu’à quelques minutes de marche de mon emplacement de départ.
Singes autodidactes
Ancestors débute par un avertissement : « nous ne vous aiderons pas beaucoup ». Ce n’est pas une exagération. Mis à part une vingtaine d’indications pour nous enseigner les contrôles avec la manette, le jeu ne nous guide pratiquement jamais.
C’est généralement pour le mieux. Oui, soulever une grosse pierre aurait été plus facile si on m’avait expliqué comment dès le début (il m’a plutôt fallu attendre 2,5 millions d’années avant de trouver comment le faire). Mais découvrir à tatillon comment le monde qui nous entoure fonctionne est non seulement la base même d’Ancestors, c’est aussi la façon dont nos ancêtres ont vécu.
L’équipe de Panache Jeux numériques aurait toutefois pu expliquer un peu mieux le jeu lui-même. J’ai dû voir et revoir les mêmes cinématiques des dizaines de fois avant de comprendre comment les sauter. Une petite icône pour me dire quel bouton je devais tenir enfoncé n’aurait pas été de la triche, cela aurait simplement rendu l’expérience plus agréable.
Même chose pour les mécaniques derrière l’évolution et le changement de générations : le jeu aurait bénéficié d’explications plus claires. Je ne veux pas que l’on me donne le contenu tout cuit dans le bec, mais le contenant, lui, pourrait être plus facile d’approche.
L’australopithèque n’avait pas Google
J’ai joué à Ancestors pendant deux semaines avant la sortie du jeu, alors qu’aucun tutoriel n’était offert sur le web. Avec le recul, c’était une bonne chose. Rendez-vous service, et évitez d’effectuer des recherches pour répondre aux nombreuses questions que vous aurez tout au long de l’aventure.
Les essais et les erreurs font partie d’Ancestors : the Humankind Odyssey. Si vous dépouillez le jeu de ces découvertes, vous le terminerez plus rapidement, mais vous aurez probablement moins de plaisir à le faire. À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
J’aurais vraiment aimé être capable de me fabriquer une arme contre les tigres qui ont si souvent ralenti ma progression. Au lieu de sauter les étapes avec une recherche sur le web, j’ai plutôt adapté mon style de jeu. Je ne m’éloigne plus trop loin de mon campement, et je me déplace en petit groupe pour être plus intimidant. Dans l’ensemble, le jeu est devenu beaucoup plus facile lorsque j’ai compris quelque chose de très simple : si je meurs tout le temps, c’est que je fais quelque chose de mal.
Une bonne dose de tâches récurrentes
Plusieurs joueurs risquent d’être rebutés par le côté difficile d’Ancestors, mais le jeu ne l’est pas tant que ça. Si tout devient trop dur, c’est probablement que vous n’êtes pas assez adaptés ou que vous n’employez pas les bonnes stratégies.
Seule ombre au tableau pour moi, Ancestors contient un peu trop de tâches récurrentes. Non, vous ne devrez pas cultiver de champ et l’arroser tous les jours (le titre n’est d’ailleurs pas vraiment un jeu de gestion de ressources, comme c’est souvent le cas avec les jeux de survie), mais à chaque saut de génération, vous devrez former des couples dans votre camp, les accoupler, mettre les bébés au monde, trouver une autre femelle fertile, trouver un mâle qui n’est pas dans sa famille et recommencer.
On s’améliore avec le temps, mais le processus nécessite quand même plusieurs minutes que l’on passe sur le pilote automatique. Et parfois, vous devrez le faire plusieurs fois en ligne (lorsque vous avez beaucoup de connaissances à faire passer aux prochaines générations ou que vous souhaitez vous préparer pour faire un saut dans le temps, par exemple).
Quand votre clan grossit, il peut aussi être difficile de s’assurer que tous les singes sont en bonne santé après l’attaque d’un titre ou d’un boa, par exemple. Un outil pour avoir une vue d’ensemble de l’état de santé du groupe aurait d’ailleurs été apprécié.
Une belle surprise
Ancestors : the Humankind Odyssey sera lancé mardi sur PC, pour 40$ US sur la boutique Epic Store. Le jeu sera offert sur Xbox One et PS4 d’ici la fin de l’année. C’est un jeu qui n’est pas parfait, et qui nous fait tout de même vivre quelques frustrations, mais ceux qui aiment les défis et les concepts qui sortent des sentiers battus (au sens propre comme au sens figuré) vont l’adorer.
Note : 8/10