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Salvatore Rufolo: Le parcours du combattant d’un jeune prodige

Salvatore Rufolo rêve de disputer les Jeux Olympiques 2024. Photo: Isabelle Bergeron/TC Media

Âgé de seulement 11 ans, Salvatore Rufolo est un grand espoir de la boxe canadienne. Talent précoce, le jeune Prairivois boxe en mémoire de son petit frère et rêve de participer aux Jeux olympiques.

Vainqueur récemment des Gants d’argent du Québec, Salvatore Rufolo détonne. Au milieu d’une dizaine de boxeurs chevronnés, gilet rouge du Canada sur les épaules, le jeune blondinet enchaîne les coups, tout seul, sur l’un des nombreux sacs du club de boxe Champions, dans le quartier de Rosemont.

«C’est un guerrier», déclare, admiratif, un de ses partenaires d’un soir, de 10 ans son aîné. Ce dernier évoque l’étonnante vitesse de déplacement de ce gamin, déjà nanti de multiples distinctions dans la boxe québécoise et canadienne et qui compte  près d’une trentaine de combats à son actif.

À ses côtés, le poids super-moyens Yves Ulysse Jr, qui prépare un combat au Centre Bell fin janvier, stoppe son entraînement, épaté par les performances de celui qui fréquente cette même salle trois à quatre soirs par semaine, pendant près de 90 minutes.

«Regarde-le, il s’entraîne mieux que des adultes», clame le boxeur professionnel de 28 ans, avant de pointer son doigt sur son crane pour illustrer le mental et l’intelligence de ce kid.

«Ce sont ses grandes forces», reprend-il.

C’est un jeune gars talentueux. Il a beaucoup de volonté et chaque jour, il étonne tout le monde au gym. C’est rare de voir un enfant si fort mentalement. Il a beaucoup d’objectifs. Avec lui, sky is the limit
Yves Ulysse Jr, 28 ans, boxeur professionnel

Une histoire de famille
Chez les Rufolo, qui résident à Rivière-des-Prairies depuis une quinzaine d’années, la boxe est une histoire de famille. Débarqués de la région napolitaine dans les années 50, les grands-parents de Salvatore transmettent rapidement la passion de ce sport à leurs enfants. Un virus qu’attrapera le père, Roberto.

«Quand j’étais petit, mon père m’avait offert des gants. J’ai toujours grandi dans ce monde, et on regardait les combats de Mohamed Ali à la télé», raconte cet ex-boxeur amateur, devenu soudeur, qui n’imaginait pourtant pas son fils dans ce milieu.

Après des essais infructueux au soccer, au karaté et au taekwondo, Salvatore tente ses premiers jabs à 8 ans, accompagné au bord des rings par Dominic, son petit frère âgé de 5 ans. Le début d’une aventure et d’un drame dans lequel le jeune adolescent puise sa motivation.

«J’avais peur qu’il se prenne un coup»
Victime de problèmes d’arythmie depuis sa naissance, Dominic décède dans son sommeil le 11 décembre 2013.

«Je pense à lui tout le temps, il m’accompagne à chaque pratique et à chaque combat. Pour lui, je ne veux jamais rien lâcher, ne jamais abandonner», assure Salvatore, élève à l’école primaire East Hill, qui devrait rejoindre l’an prochain le programme de sports-études de l’école secondaire Lester B. Pearson à Montréal-Nord.

Son père, lui, se trouve perdu, mêlé entre les tourmentes d’une perte inconsolable et la «passion» de son fils.

«J’avais peur qu’il se prenne un coup qui pourrait avoir de lourdes conséquences. Je ne voulais pas en perdre un autre. Mais là, je le regarde, je vois que ça l’allume et qu’ici, c’est aussi une famille pour lui», admet Roberto, avant de mettre avec entrain ses protections pour servir de sparring partner à son fiston.

«Il est encore très jeune, mais s’il continue de travailler fort, il n’y a pas de raisons qu’il n’atteigne pas ses objectifs. Il aime s’entraîner dur, souffrir, il veut pousser la machine et ça se voit qu’il prend du plaisir. C’est très étonnant à son âge.»
Vincent Auclair, l’un de ses deux entraîneurs

Les Jeux olympiques en tête
Un brin timide une fois les gants posés, le jeune Salvatore retrouve un large sourire en évoquant ses idoles, de Sergey Kovalev à Gennady Golovkine en passant par le Montréalais Steven Butler. Et, surtout, en partageant ses rêves olympiques.

Le Prairivois vise les Jeux de 2024. «J’y pense toujours, mais on verra bien, il faut voir jour après jour», assure-t-il, avec une étonnante lucidité.

Le programme du soir, lui, est beaucoup plus précis. Un souper familial et quelques parties de hockey sur un jeu vidéo l’attendent. La vie, aussi, d’un ambitieux jeune de 11 ans.

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