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Commotions cérébrales: le CUSM propose un diagnostic plus «adapté» aux réalités sportives

Le Dr Scott Delaney (à droite) a simulé le test SBESS sur les commotions cérébrales avec un étudiant de la Faculté de médecine de l’Université McGill à l’Institut de recherche du CUSM.
Le Dr Scott Delaney (à droite) a simulé le test SBESS sur les commotions cérébrales avec un étudiant de la Faculté de médecine de l’Université McGill, mercredi matin à l’Institut de recherche du CUSM. Photo: Henri Ouellette-Vézina/Métro

Une nouvelle technique plus simple et plus efficace pour diagnostiquer les commotions cérébrales verra bientôt le jour à Montréal. Devenues un fléau dans les sports de contact, dont le hockey, ces lésions au cerveau sont «trop souvent» mal prises en charge, voire carrément négligées, plaide un expert du Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

«On voit que le nombre d’incidents augmente. C’est une combinaison du fait que les joueurs sont plus rapides, plus vites, plus forts. De manière générale, tout le monde est aussi plus au courant de ce qu’est une commotion aujourd’hui, ce qui n’était pas le cas il n’y a pas si longtemps», explique à Métro le médecin au département d’urgence du CUSM, Scott Delaney.

Celui qui est également médecin professionnel pour l’Impact et les Alouettes de Montréal est catégorique.

«Ça arrive souvent que les athlètes cachent leurs symptômes pour retourner dans le match. La réalité, c’est que les tests disponibles nécessitent qu’ils enlèvent tout leur équipement. Ça prend du temps et ça en décourage plusieurs. Il faut changer ça.» -Scott Delaney, médecin au département d’urgence du CUSM

L’ère du SBESS

Avec une équipe de chercheurs au CUSM, M. Delaney a conduit ces derniers mois une étude sur deux groupes de 80 joueurs de hockey universitaires. Son groupe a mis sur pied une nouvelle technique de diagnostic qui prend moins de temps, et qui ne demande pas aux joueurs d’ôter tout leur équipement, sauf le casque et les gants.

Le protocole SBESS (pour in-skates balance error scoring system) consiste en une batterie de tests effectuée les yeux fermés.

En fait, les joueurs ont à reproduire trois figures sans perdre l’équilibre; la position stable, d’abord. Elle implique que le joueur demeure debout sur ses patins. Puis, la position en pointe de pied, qui nécessite que le participant dirige ses orteils du pied dominant vers le sol. Finalement, la position en T demande à l’athlète de placer son patin dominant à angle-droit et à mi-chemin du patin non-dominant.

«Actuellement, le test d’évaluation de l’équilibre doit être effectué pieds nus, en short et en t-shirt. Il n’est pas adapté à la réalité des joueurs de hockey», soutient le Dr Delaney.

Une joueuse et un coach témoignent

Dans les trois dernières années, la joueuse des Martlets de McGill, Kellyanne Lecours, a subi deux commotions cérébrales à la suite de collisions importantes. La seconde a pris plus d’un mois et demi à traiter, d’autant plus que le diagnostic a été assez tardif.

«En tant qu’étudiant-athlète, on ne se rend pas nécessairement compte qu’on a des symptômes de commotion. J’avais des maux de tête importants, mais je me disais que je n’avais pas assez bu d’eau, ou pas assez mangé. Et dans le feu de l’action, on ne pose pas de questions. On continue», explique-t-elle.

Mme Lecours se dit très «fière» d’avoir pu participer à l’étude de Scott Delaney, qui «poussera les joueurs à faire le test rapidement» pour avoir des réponses, selon elle. «Le SBESS, j’aurais pu le faire dès que ça m’est arrivé, sachant que je peux retourner au jeu tout de suite si tout est dans l’ordre, avance l’hockeyeuse. Je suis sûre que les athlètes seront plus ouverts si on peut le faire avec l’équipement.»

«Plus on découvre nos symptômes tôt, mieux on peut guérir nos commotions cérébrales.» -Kellyanne Lecours, joueuse des Martlets de McGill

Même son de cloche pour l’entraîneur en chef des Martlets, Peter Smith, qui a notamment mené l’équipe olympique canadienne féminine à la médaille d’or, en 206 et en 2010.

«Cette étude est très efficace et fiable. On va avoir plus de joueurs qui se manifesteront quand ils subissent des commotions, juge-t-il. On est collectivement de plus en plus sensibles à l’enjeu, mais on doit continuer de s’améliorer.»

«J’ai composé avec des commotions avant mêmes qu’elles ne soient inventées, conclut le coach. Aujourd’hui, on est rendus beaucoup plus loin.»

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