Le journalisme sportif, ce modèle
Selon un récent sondage, 92 % des répondants estiment que le travail de journaliste politique est effectué de manière plus rigoureuse que le travail de journaliste sportif. LOL.
Bon, maintenant qu’on a attiré votre attention, soyons clairs : le sondage en question n’existe pas, mais faisons comme-ci.
Préparé pour le compte de (insérer ici le nom de votre média préféré) par la firme de sondage TIGALOP, le sondage a été effectué un moment donné auprès de personnes. Vu le caractère non probabiliste de l’échantillon, toutefois, la marge d’erreur ne s’applique pas.
Oh que ça fait sérieux cette dernière phrase, vous dites-vous, le caractère sérieux venant du fait que vous n’y comprenez rien. Qui plus est, cette phrase est sans doute très importante puisqu’on la trouve fréquemment dans des textes écrits par des journalistes sérieux faisant l’analyse de sondages non probabilistes qui pullulent depuis quelques mois.
Brière, absent, peut-il compter 3 buts?
Dans l’expression «non probabiliste», il y a deux idées : la négation et la probabilité. Ainsi, ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il est fort non probable que les résultats de notre sondage hypothétique reflètent la réalité. Autant qu’il est fort non probable que Daniel Brière marque trois buts samedi, puisqu’il est sur la liste des blessés actuellement.
Pourtant, oui, les sondages non probabilistes ont en ce moment la cote et sont repris par les médias qui effectuent de longues analyses à leur sujet, ce qui revient à peu près à siffler en ondes. Avouez que vous aimeriez ça, voir Patrice Roy siffler au Téléjournal. Enfin. Évidemment, un intellectuel, disons Mathieu Bock-Côté, pourrait se demander avec beaucoup trop de mots si l’analyse de sondages doit s’apparenter à un pool de hockey en termes de validité? Nous, on s’en sacre, mais ce qui est sûr, c’est que c’est plus drôle ainsi.
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D’ailleurs, les sondeurs se trompent fréquemment désormais, avez-vous remarqué? Et c’est très drôle. Par exemple, en ColombieBritannique, les firmes de sondage prédisaient récemment une victoire, les doigts dans le nez, des NéoDémocrates. Et puis, non. Un an auparavant, en Alberta, les firmes de sondage s’étaient aussi trompées solide au sujet du parti Wildrose. «Pis ça?» que vous vous dites : c’est ben normal, on se trompe ben dans nos pool. Fectivement.
Au Sportnographe, on se réjouit de voir cette tendance se dessiner, celle de la jambonisation du journalisme dit «sérieux». Elle a gagné le milieu du journalisme sportif depuis longtemps et, surtout, fort heureusement qu’on se dit, parce que sérieux, dans le temps de René Lecavalier et de Richard Garneau, c’était plate à mourir.
Sauf que Canadien gagnait souvent la Coupe à cette époque. Ouin. Ça, c’était pas plate.