Débordement durable
Décidément, les autoroutes montréalaises font couler beaucoup d’encre ces temps-ci. Les consultations publiques entourant le développement de la Notre-Dame en autoroute à huit voies ont eu lieu la semaine dernière. Les médecins en santé publique sont venus raviver le débat en déposant un rapport sur les impacts négatifs sur la santé et l’environnement reliés à ce projet. Selon les experts, le projet tel qu’il est conçu présente de sérieux dangers, tant pour la santé des Montréalais que pour la protection de l’environnement. Les médecins recommandent fortement la réduction de la Notre-Dame en autoroute boulevard à six voies maximum…
Le problème, c’est que cet agrandissement en autoroute à huit voies est nécessaire pour absorber les 75 000 à 150 000 voitures supplémentaires engendrées par le prolongement de la 25 tant souhaité par le gouvernement du Québec. Les deux projets dépendent l’un de l’autre. Même si le gouvernement réitère son intention de poursuivre coûte que coûte les travaux de prolongement de la 25, il ne peut ignorer ce cercle vicieux. Si le projet d’agrandissement de la Notre-Dame dans sa forme actuelle est remis en question, qu’allons- nous faire de toutes ces voitures supplémentaires? Hé bien, imaginez-vous que le gouvernement s’en balance complètement. Malgré toutes les études qui démontrent que ce projet constitue une aberration à une époque où les plans de transport doivent être définis dans un contexte de développement durable, le gouvernement nous sort la même rengaine : «Ça fait 25 ans qu’on attend ce projet, pas question d’arrêter quoi que ce soit». Wow! Tout un argument!
Dans sa hâte, le gouvernement veut même commencer les travaux avant que la Cour ait statué sur la validité du projet. J’en ai parlé plusieurs fois, quand le BAPE a rendu publique son rapport en 2005, celui-ci n’avait en main aucun élément pour faire une évaluation exhaustive de l’impact environnemental du projet puisque ce n’est qu’en septembre 2007 que le projet final a été connu. Le processus a donc été bâclé et contrevient aux lois sur la consultation publique et l’évaluation environnementale.
L’irresponsabilité du gouvernement du Québec est donc multiple. D’une part, il refuse de tenir compte des impacts négatifs du projet sur la santé, la sécurité, l’environnement et la circulation, mais il est prêt à engager d’énormes sommes (notre argent) sur un projet qui pourrait être déclaré illégal.