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Difficile de se départir du nom d'un dirigeant nazi

Elisabeth Braw - Metro World News

En août 1939, l’Allemagne et l’Union soviétique ont signé le pacte Molotov-Ribbentrop, du nom des ministres des Affaires étrangères des deux pays.  L’accord a posé les premiers jalons de la Deuxième Guerre mondiale. Lors du procès de Nuremberg, Joachim von Ribbentrop a été condamné à mort.  Malgré son nom de famille, le petit-fils de ce dernier connaît beaucoup de succès en affaires. Métro l’a rencontré.

À titre de PDG de l’entreprise allemande Stockinger, Dominik von Ribbentrop vend des coffres-forts de luxe à des clients fortunés partout sur la planète. Toutefois, la majorité des gens connaissent mieux son nom que le nom de son entreprise. «On me pose tout le temps des questions sur mon nom», affirme Dominik von Ribbentrop, le petit-fils maintenant âgé de
45 ans de Joachim von Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères d’Hitler.

«Soixante-cinq ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, beaucoup de gens semblent se rappeler de l’histoire et reconnaître mon nom, particulièrement en Russie et en Grande-Bretagne», poursuit-il.  D’ailleurs, en raison du Pacte Molotov-Ribbentrop, Joachim von Ribbentrop occupe une place importante dans l’histoire de la Russie. «Comme la version officielle veut que l’Allemagne ait pris la Russie par surprise en rompant le pacte et en l’attaquant, je m’attendais à ce que notre nom ait une résonance négative en Russie, explique-t-il. Mais ce n’est pas du tout le cas : je reçois un accueil très chaleureux en Russie.

Peut-être que le penchant des Russes pour les régimes autoritaires y est pour quelque chose.» Ou peut-être parce que la nouvelle élite aisée de la Russie aime les coffres-forts Stockinger. Dominik von Ribbentrop a fait de Stockinger le principal fabricant de coffres-forts de luxe du monde, menant ainsi la révolution qui a transformé cette boîte de métal sans originalité en un incontournable dernier cri pour les nantis de tous les continents. Les coffres-forts Stockinger coûtent jusqu’à 165 000 $ environ. Récemment, l’entreprise a conçu un «coffre-fort pour montres» unique en son genre, en collaboration avec le constructeur automobile Bentley.

Élevé dans une ville paisible à l’extérieur de Francfort, Dominik von Ribbentrop ne se doutait pas du tout que sa famille avait quelque chose d’inhabituel. «Quand j’ai appris qu’il y avait deux Allemagnes, j’ai commencé à me demander pourquoi il en était ainsi, se souvient-il. Ensuite, j’ai appris qu’il y avait une guerre froide et je me suis demandé pourquoi. Naturellement, j’ai vite appris le rôle que mon grand-père avait joué.» 

Même s’il déplaisait aux autres nazis, Joachim von Ribbentrop avait la confiance du Fürher. «À l’adolescence, je me demandais pourquoi mon grand-père, qui était un entrepreneur et un aventurier, s’était risqué à faire de la politique, raconte-t-il. Comment a-t-il rencontré Hitler? Comment a-t-il offert ses services à cet homme et au régime nazi?»

«Von Ribbentrop était un arriviste, précise Richard Evans, professeur d’histoire européenne à l’Université de Cambridge. À Londres, il était connu sous le nom de von Ribbensnob. Il est un exemple typique des personnes qu’Hitler nommait à des postes importants. Hitler était toujours impressionné par les personnes qui parlaient des langues étrangères et qui connaissaient des gens influents.»

Le ministre de la Défense de l’Allemagne, le baron Karl-Theodor von und zu Guttenberg, est le demi-frère de Dominik von Ribbentrop. Au printemps, Dominik von Ribbentrop et son épouse ont célébré la naissance de leur premier enfant, un fils. «Il s’appelle Otto, confie-t-il. C’est un nom court et traditionnel.» Et, bien entendu, le fondateur de l’Allemagne s’appelait Otto.

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