Avantages et effets pervers
Les milieux de travail sont envahis par de multiples outils technologiques destinés à faciliter les communications. Si les avantages sont nombreux, il ne faut pas négliger leurs effets pervers.
Le cabinet d’avocats Gowling Lafleur Henderson a alerté les médias sur les dangers méconnus du web, du BlackBerry et autres technologies, souvent utilisés sans discernement dans la vie professionnelle, à l’occasion d’un déjeuner-causerie, jeudi.
Traître rapidité
«La vitesse avec laquelle les gens équipés d’un BlackBerry réagissent est incroyable, souligne Julie-Martine Loranger, spécialiste des litiges commerciaux et du droit du travail au cabinet d’avocats Gowlings, à Montréal. Ils croient qu’on doit répondre à la minute et ne prennent plus la peine de réfléchir, de laisser décanter. Ils se disent que c’est comme une lettre, mais les conséquences sont parfois foudroyantes. Les nuances et les réserves y sont rarement exprimées, entraînant des malentendus, mais engageant tout autant.» Avec souvent les fautes d’orthographe en prime, qui altèrent l’image professionnelle.
Surtout, l’audience d’un courriel est plus large que celle d’une lettre ou d’un coup de téléphone et l’émetteur ne la maîtrise pas : le destinataire retransmet et archive. En cas de conflit éventuel, les traces sont là. La prudence doit donc prévaloir.
Du privé au public
Au-delà des messages professionnels, où se glissent souvent des aspects personnels, il y a la conversation privée. Or, tout courriel personnel écrit d’un poste de travail peut potentiellement devenir public. Il est naïf de penser qu’en pressant sur le bouton «Delete», il est effacé. Il peut, si nécessaire, être retrouvé par la compagnie, tout comme celle-ci peut s’intéresser aux sites consultés ou au contenu de ses ordinateurs.
«On a une fausse impression de sécurité parce qu’on est seul derrière son clavier et une tendance à s’approprier son outil de travail, remarque Claude R. Gravel, également spécialiste en droit du travail chez Gowlings. On télécharge des photos de famille, de partys ou des billets doux. Mais, en cas de doute, l’employeur est justifié de vérifier si l’ordinateur sert bien au travail.»
Dure limite
Des études ont ainsi révélé que parmi les dix sites les plus fréquentés en milieu de travail, aucun n’était relié à l’emploi! Sans compter du matériel éventuellement compromettant (blagues sexistes ou discriminatoires, pornographie, activité commerciale parallèle…).
Si la plupart des entreprises tolèrent l’utilisation des outils de travail à titre personnel, il est difficile de trouver la juste limite. Dix minutes par jour représentent une semaine complète de travail par an. Si la relation se détériore avec l’employeur, ce sera un argument.
De même, dans le cas de départ pour une équipe concurrente, des compagnies ressortent systématiquement les courriels envoyés, les accès du bureau en dehors des heures de travail et la liste des photocopies faites. Mieux vaut donc se discipliner dès le départ.