Julie Payette devient gouverneure générale
OTTAWA — L’ancienne astronaute Julie Payette a officiellement pris les commandes de Rideau Hall, lundi, devenant la 29e personne à s’installer dans le siège de gouverneur général du Canada à l’issue d’une cérémonie qui s’est notamment déroulée sous le thème de la réconciliation.
La Québécoise a prêté serment dans la chambre du Sénat devant environ 400 invités, dont des parlementaires, l’ancien premier ministre Jean Chrétien, une poignée de premiers ministres provinciaux ainsi que les neuf juges de la Cour suprême du Canada.
Dans un discours d’une vingtaine de minutes prononcé dans les deux langues officielles — et, à un moment, en algonquin —, sans l’aide de notes, elle a affirmé qu’elle ne s’attendait pas à ce que le premier ministre Justin Trudeau lui offre le poste.
«Mais quand le devoir appelle…», a lâché l’ex-astronaute, remerciant son fils de 14 ans, Laurier Payette Flynn, de lui avoir «donné la permission d’accepter» de se lancer dans l’aventure.
Son adolescent, qui habitera Rideau Hall,était assis à l’avant, à ses côtés, lors de cette cérémonie d’installation fortement empreinte de l’esprit de réconciliation avec les peuples autochtones si cher à Justin Trudeau, et que la nouvelle gouverneure générale a aussi dit embrasser.
«Nous devons réussir la réconciliation pour le bien de nos communautés et de nos enfants», a fait valoir la gouverneure générale.
Étaient d’ailleurs présents pour l’occasion cinq leaders autochtones, dont le chef national de l’Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde, qui était le seul représentant autochtone lors de la cérémonie de David Johnston, prédécesseur de Julie Payette.
Ce dernier, qui a fait ses adieux la semaine dernière, a eu droit à une ovation lorsqu’il a fait son entrée dans la chambre du Sénat. Sa successeure lui a dit qu’il lui avait laissé de grands souliers à chausser.
Âgée de 53 ans, Julie Payette devient la quatrième femme à s’installer à Rideau Hall, la résidence officielle du représentant de la reine au Canada.
Le premier ministre Trudeau l’a recommandée en juillet dernier à la monarque Élizabeth II pour succéder à David Johnston.
Dans le discours qu’il a livré à la chambre haute, lundi, il a salué le parcours de celle qui est allée «là où peu avant elle ont osé aller», ajoutant que l’ex-astronaute en chef de l’Agence spatiale du Canada (ASC) avait bien prouvé que «le ciel n’est pas la limite» («sky is not the limit»).
«Le 27 mai 1999, c’est tout un pays qui vous a regardée quitter la Terre avec fierté et émotion. Ce premier voyage a d’abord frappé l’imagination des enfants qui, d’un bout à l’autre du Canada, vous ont regardée attentivement vous envoler vers les étoiles», a-t-il soutenu.
La cérémonie d’installation, qui s’était ouverte sur l’hymne «God Save the Queen», s’est terminée avec l’interprétation du «Ô Canada» par la chanteuse Ginette Reno.
Entre ces hymnes relevant du protocole, on a pu entendre des pièces musicales sélectionnées personnellement par la nouvelle représentante de la reine du Canada, qui portait une création de la designer montréalaise Marie Saint Pierre.
Parmi celles-ci figuraient une interprétation de la chanson «Hallelujah», de Leonard Cohen, par Joannie Benoit et Mélissa Bedard, deux ex-participantes de l’émission Star Académie, ainsi que «Moi, mes souliers», de Félix Leclerc, chantée par un «barbershop quartet».
La journée de lundi se concluait avec une réception en l’honneur de l’installation de la 29e gouverneure générale du Canada, au Musée canadien de l’histoire, à Gatineau. Le premier ministre Justin Trudeau fait partie de la liste des invités.
Armoiries
Peu avant la cérémonie à la chambre haute, Rideau Hall avait dévoilé la photo officielle ainsi que les armoiries de Mme Payette.
Les armoiries comprennent une aile, qui évoque les notions d’exploration et de liberté, une portée de musique, qui incarne la créativité, et deux lynx, qui symbolisent l’agilité. La couronne royale indique son rôle à titre de représentante de la reine.
Les feuilles de laurier qui accompagnent les étoiles représentent Laurier, le fils de Julie Payette.
Le concept original a été créé par l’Autorité héraldique du Canada, dont le chef est le gouverneur général. Tous les gouverneurs généraux ont utilisé des armoiries depuis la Confédération.
Ces emblèmes personnels sont repris sur leur sceau privé ainsi que sur la Médaille académique du gouverneur général depuis 1873.
————
Julie Payette en bref
— Titulaire d’un baccalauréat international du United World College of the Atlantic, au pays de Galles, au Royaume-Uni, d’un baccalauréat en génie électrique de l’Université McGill et d’une maîtrise en sciences appliquées (génie informatique) de l’Université de Toronto;
— Détentrice d’une licence de pilote professionnel avec qualification sur hydravion;
— Parle couramment le français et l’anglais et peut converser en espagnol, en italien, en russe et en allemand;
— Pianiste, elle s’est notamment produite avec l’Orchestre symphonique de Montréal, le Piacere Vocale de Bâle, en Suisse, et avec le Tafelmusik Baroque Orchestra Choir à Toronto.
(Source: Agence spatiale canadienne)