Corruption: le président brésilien survit au vote
BRASILIA, Brésil — Le président brésilien Michel Temer a survécu à un vote clé, mercredi soir, sur la possibilité de le traduire en justice pour corruption, récoltant des appuis à la chambre basse malgré des cotes de popularité au plus bas.
Pour éviter d’être suspendu et traîné devant les tribunaux pour des accusations d’entrave à la justice et de direction d’une organisation criminelle, le président avait besoin de l’appui d’au moins le tiers des 513 membres de la Chambre des députés.
M. Temer a récolté l’appui de 251 élus, comparativement à 233 votes pour sa suspension et traduction en justice.
Son bureau avait annoncé précédemment mercredi qu’il avait été hospitalisé pour un problème d’obstruction des voies urinaires.
Dans un communiqué, le palais présidentiel rapportait que le politicien de 77 ans avait éprouvé un inconfort mercredi matin et qu’il avait été conduit dans un hôpital militaire pour y être examiné et soigné. Le communiqué ne donnait pas plus de détails.
Selon Carlos Marun, un député du parti de M. Temer, il ne s’agirait pas d’un problème grave.
Plus tôt en octobre, le bureau de M. Temer avait annoncé qu’il avait reçu un diagnostic d’obstruction partielle des artères coronaires, un problème qui doit être traité avec de l’aspirine et un régime faible en gras.
Avec une popularité au plus bas après une série de scandales, le vote devait permettre de savoir quelle sera sa marge de manoeuvre pour gouverner dans la dernière année de son mandat.
Corruption généralisée
Les accusations émanent d’une grande enquête sur la corruption au sein du gouvernement brésilien, qui a commencé comme une investigation pour blanchiment d’argent, mais qui a permis de dévoiler un système généralisé de pots-de-vin dans toutes les sphères du pouvoir au Brésil. Des dizaines de politiciens et d’hommes d’affaires ont été envoyés en prison dans le cadre de cette enquête.
Les procureurs affirment que le gouvernement brésilien a été dirigé comme un cartel pendant des années, les partis politiques vendant des faveurs, des votes et des nominations à de puissants hommes d’affaires. Ils estiment que M. Temer a pris la tête de cette combine lorsqu’il est arrivé au pouvoir l’an dernier, après la destitution de la présidente Dilma Rousseff, et que son parti a empoché depuis l’équivalent de 190 millions $ US en pots-de-vin.
M. Temer avait survécu à un vote similaire en août relativement à un chef d’accusation distinct de corruption.
«L’accusation est fragile, inepte et pire que la première», a déclaré le législateur Celso Russomanno en votant en appui au président, mercredi.
L’opposition, qui avait tenté dans la journée de faire reporter le vote, a fustigé M. Temer.
«Je vote avec plus de 90 pour cent des Brésiliens qui ont déjà condamné l’administration corrompue de Temer», a déclaré la députée Luiza Erundina.