Le FRAPRU marchera 500 km pour le logement social
Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) organisera en septembre prochain une marche entre Ottawa et Québec afin d’interpeller les gouvernements fédéral et provincial sur «l’urgence d’un réinvestissement dans le logement social».
Les marcheurs, divisés en petit groupe, franchiront plus de 500 kilomètres au total dans ce qui est qualifié «de projet le plus ambitieux» de l’histoire de l’organisme, qui fête cette ses 40 ans.
Les militants partiront de la capitale fédérale le 2 septembre et se relaieront jusqu’à Québec le 29 septembre, veille des élections provinciales. En chemin, ils passeront par Gatineau, Montréal, Laval, Trois-Rivières, notamment, pour réclamer la construction de 50 000 logements sociaux au Québec au cours des cinq prochaines années.
«Les dénis de droit au logement sont très graves au Québec et on a l’impression d’avoir tout fait pour les faire connaître, a expliqué Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, lors d’un point de presse dimanche. On a l’impression de faire du surplace, et même de reculer. Ces dénis accablent les ménages locataires à faible revenu, les personnes handicapées, ceux qui vivent dans les logements insalubres et trop petits.»
Le FRAPRU est soutenu dans cette marche «de villes en villages pour le droit au logement» par une trentaine d’organisations, dont la Fédération des femmes du Québec, la CSN, la Fédération autonome de l’enseignement et la section francophone d’Amnistie internationale Canada.
«Il est inadmissible que dans une société aussi riche que la notre, en 2018, les personnes les plus concernées par la question du logement, celles qui sont dans une situation précarité matérielle, se retrouvent à lutter elles-mêmes pour quelques choses qui devraient être considérée une priorité nationale, a fait valoir Christian Nadeau, président de la Ligue des droits et libertés.
«Nous ne devrions jamais considérer le droit au logement comme un luxe. » Christian Nadeau
Le FRAPRU considère que le moment est opportun pour solliciter les deux paliers de gouvernements étant donné la situation économique favorable et l’adoption en novembre dernier par le fédéral d’une Stratégie nationale sur le logement.
«Ça fait des années qu’on nous dit que pour redistribuer la richesse, il faut d’abord la créer. Mais aujourd’hui, ça y est, nous sommes rendus là. Il y a une relance économique, des surplus de 4,4 milliards à Québec l’an dernier, a rappelé Véronique Laflamme. Ce n’est pas une question d’argent, mais de choix politique. Les gouvernements ne font pas actuellement le choix des droits humains. Pour réussir à obtenir le respect de ces droits, il faut les interpeller d’une façon inédite.»
Les militants assemblés autour du FRAPRU dénoncent également le fait que la majorité des sommes promises par la Stratégie canadienne sur le logement ne seront accordées que dans un hypothétique deuxième mandat des libéraux.
«Malheureusement, on a pas encore de certitude sur la façon dont va être dépensé l’argent découlant de la Stratégie, a déploré la porte-parole du FRAPRU. Il peut y avoir une panoplie d’initiatives qui ne vont pas nécessairement cibler le logement social. Pourtant, c’est une demande qui est généralisée à travers le Canada. C’est bien beau investir dans le logement abordable privé, l’accès à la propriété, mais si on passe à côté des besoins les plus criants on rate une grosse occasion.»
«Le partage des compétences ne devrait pas être une excuse pour ne pas respecter nos obligations en matière de droits humains, a ajouté Geneviève Paul, directrice générale par intérim de la section francophone d’Amnistie internationale Canada. L’adoption de la stratégie nationale sur le logement est un pas important, maintenant il faut concrétiser cette stratégie. »
Sur les chiffres fournis par le ministre canadien du Développement social, il est prévu qu’environ 3,6 milliards $ soient dépensés cette année dans la stratégie nationale et un autre 3,8 milliards $ en 2019.
Selon les chiffres du FRAPRU, 9953 logements ont été construits au Québec lors des cinq dernières années, alors que près de 40 000 personnes sont inscrites sur une liste d’attente pour un logement à coût modique.
Avec La Presse Canadienne