Le Mile-Ex bientôt un terreau fertile pour l’intelligence artificielle?
Le Mile-Ex est en voie de devenir le cœur de la province en matière d’intelligence artificielle.
Les organismes et entreprises à la fine pointe de la technologie que sont l’Institut des algorithmes d’apprentissage de Montréal (MILA), Ivado, Element AI et Thales, emploieront dans les prochaines années des milliers de travailleurs spécialisés qui viendront sans doute transformer le quartier.
Toutefois, les répercussions de la recherche et de l’industrie que représente l’intelligence artificielle s’élèvent bien au-delà des impacts locaux et pourraient changer profondément la société québécoise.
C’est du moins ce qu’ont laissé entendre les membres du Comité d’orientation de la grappe en intelligence artificielle, qui présentait jeudi ses recommandations au gouvernement québécois pour assurer le développement responsable de ce domaine en technologies.
Face à ces préoccupations, la vice-première ministre du Québec, Dominique Anglade, s’est montrée interpellée.
«L’impact de l’intelligence artificielle sur le marché de l’emploi sera fondamental. Le gouvernement travaille ainsi pour que ses orientations soient en lien avec les recommandations présentées par le comité», a-t-elle insisté.
Comment assurer l’essor et la pérennité de l’expertise qui a été construite dans la province depuis les 25 dernières années? Y a-t-il des stratégies possibles pour développer les talents et les conserver ici? Peut-on trouver rapidement des applications concrètes à l’intelligence artificielle? Qu’adviendra-t-il des autres secteurs d’emploi au Québec?
Il s’agit du genre d’enjeu sur lequel le Comité d’orientation, formé en mai 2017, tente d’apporter des recommandations. Parmi celles-ci, on propose d’ajouter aux centaines de millions de dollars en investissements publics déjà déboursés d’autres sommes d’argent.
«Il y a une opportunité (avec la création de la grappe) d’investir au moins 300 M$ additionnels au 200 M$ qui ont déjà été injectés dans la grappe», a lancé Pierre Boivin, coprésident du comité et président et chef de la direction de la firme d’investissement Claridge.
Son comparse et recteur de l’Université de Montréal (UdeM), Guy Breton, abonde dans le même sens.
«D’autres pays comme la Chine investissent des milliards de dollars en recherche. Nous n’avons pas ces moyens, mais il nous est possible d’investir intelligemment», a insisté le recteur.
Celui-ci cible comme défi majeur la rétention dans les prochaines années des «talents» en intelligence artificielle dans les chaires de recherche au Québec, puisque les emplois lucratifs dans le privé à l’étranger offrent une compétition féroce.
Les membres du comité se sont aussi portés en faveur de rendre disponible aux secteurs public et privé des bases de données accessibles par le biais de fiducies (data trusts).
Pour sa part, Marie-Josée Hébert, vice-rectrice à la recherche de l’UdeM, a plaidé en faveur de la création d’un observatoire de l’intelligence artificielle afin d’offrir une gestion responsable de cet «outil».
Le gouvernement du Québec entrevoit déjà la mise en place d’un organisme mondial en intelligence artificielle à Montréal, a annoncé Mme Anglade.
Selon le directeur scientifique du MILA, Yoshua Bengio, les applications concrètes en intelligence artificielle sont multiples. «Prenons le domaine de la santé, qui me tient à cœur, et bien on peut penser à l’utilisation de l’apprentissage profond en imagerie médicale afin de mieux dépister les maladies», a insisté ce dernier.