Entrepreneurs liés à la mafia, une minorité?
Sur l’ensemble des entrepreneurs de la construction du Québec, ce n’est pas la majorité qui a fréquenté le quartier général de la mafia. Mais à l’échelle montréalaise, c’est une tout autre histoire.
«Savez-vous combien de membres compte l’Association de la Construction du Québec?» a demandé l’avocat de cette dernière association, Daniel Rochefort, à Éric Vecchio.
L’enquêteur de la Commission Charbonneau n’a pu répondre. Me Rochefort tentait de montrer que, sur les 15 000 membres que compte l’association, la dizaine d’entrepreneurs vue au Consenza, le quartier général du clan Rizzuto, était somme toute marginale. Question de perception. Mais M. Vecchio a proposé une autre interprétation.
«Nous, ce qu’on avance, c’est que, parmi les entrepreneurs qui font affaire à Montréal, dans le milieu de l’excavation, des égouts, donc qui obtiennent des contrats publics, sur une dizaine, on en a six, sinon plus, qui se présentent au Consenza», a souligné l’enquêteur.
«Vous ne répondez pas à la question», a insisté Me Rochefort. «Maître, je pense qu’au contraire, il répond à votre question», s’est interposée la présidente France Charbonneau. Il vous dit que, si vous parlez d’une façon générale vous avez raison, mais que, si vous parlez de contrats publics, la majorité de ceux qui obtiennent des contrats publics dans les égouts, l’asphalte et l’excavation se trouve au Consenza.»
M. Vecchio a aussi nommé 74 entreprises de construction reliées à des plaques de véhicules relevées dans le parking du Consenza durant l’opération Colisée de la GRC entre 2002 et 2006.
Parmi les entreprises citées, on compte Catcan (Tony et Paolo Catania), Pavage ATG (Acursio Sciascia), Mivela (Nic Milioto) et Construction Garnier (J. Borsellino). BT Céramique a aussi été citée. Son propriétaire, Francesco Bruno, a plaidé coupable à huit chefs d’accusation d’évasion fiscale en 2011.