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Le pétrole sale arrive au Québec

Au Michigan, le 25 juillet 2010 à 17 h 58, une section du pipeline d’Enbridge a éclaté. Trois millions de litres de pétrole issu des sables bitumineux canadiens se sont échappés et ont contaminé la rivière Kalamazoo. Cent cinquante familles ont dû être évacuées, et les dégâts se sont étendus sur 40 km de rivière. Deux ans plus tard, on n’a toujours pas terminé de retirer le pétrole de l’eau et des écosystèmes avoisinants.

Un vrai désastre!

C’est exactement ce genre d’accident que craignent plusieurs citoyens le long d’un pipeline d’Enbridge qui traverse le Québec. Actuellement, il achemine du pétrole conventionnel du Maine et de Montréal vers l’Ontario. Toutefois, Enbridge aimerait inverser son flux pour y acheminer du pétrole sale des sables bitumineux vers Montréal et le Maine.

Ce projet n’est pas nouveau, bien qu’Enbridge n’ait pas toujours avoué qu’il s’agissait vraiment de leur projet. Depuis quatre ans déjà, Équiterre, en collaboration avec des citoyens engagés, se bat afin d’empêcher l’arrivée au Québec du pétrole issu des sables bitumineux. Ce qui est nouveau, c’est qu’Enbridge a déposé le 11 octobre dernier une demande préliminaire auprès de l’Office national de l’énergie (ONÉ) afin de renverser le flux du pétrole entre le Québec et l’Ontario pour acheminer jusqu’à Montréal le pétrole issu des sables bitumineux.

Le trajet du pipeline par lequel ce pétrole pourrait circuler passe par plusieurs municipalités du Québec, dont Rigaud, Laval, Mirabel, Terrebonne et Montréal.

Vous me direz que le pipeline est déjà en place et que d’inverser le flux n’y changera rien. Or, c’est tout le contraire.

Premièrement, le pipeline qu’Enbridge veut utiliser est vieux et usé, il a été construit dans les années 1970, il y a près de 40 ans; les risques de rupture sont donc plus élevés.

Deuxièmement, il a été construit pour transporter du pétrole léger et non du pétrole lourd comme celui des sables bitumineux. Ce dernier est moins fluide et doit être chauffé et mélangé à des substances chimiques pour être transporté. Le mélange est corrosif, abrasif et dommageable pour les pipelines. Il est donc difficile d’évaluer comment réagira le pipeline et comment cela influencera sa durée de vie.

Enfin, le pipeline passe en plein cœur de la métropole et traverse d’importants écosystèmes comme celui de la rivière des Mille Îles. La fuite de Kalamazoo s’est produite dans une communauté de 7000 habitants, et 150 familles ont dû être évacuées. Imaginez si une fuite se produisait à Laval ou à Montréal.

Enbridge a été fortement et largement critiqué en matière de sécurité, tant pour le nombre de déversements que pour sa gestion des opérations de nettoyage. Les autorités américaines ont déclaré, dans leur rapport officiel portant sur les mesures prises par Enbridge lors de l’accident, que la société avait très mal géré le déversement de Kalamazoo. Enbridge a ensuite été condamnée à une amende de 3,7 millions de dollars par le Département américain des Transports (Department of Transportation) pour avoir enfreint diverses règles.

Tout cela n’a rien d’encourageant pour les gens résidant le long du pipeline. Bien que le Gouvernement fédéral ait confié à l’Office national de l’énergie le soin d’examiner le projet, la réalité st que cet organisme n’a que très peu de pouvoir pour le modifier et encore moins pour le refuser. C’est pourquoi Équiterre demande au gouvernement du Québec de faire sa propre analyse du dossier et de tenir ses propres consultations publiques sur le sujet.

Le Québec a tout à gagner en s’affranchissant du pétrole et particulièrement du pétrole sale des sables bitumineux. Son économie s’en portera mieux et la santé de ses citoyens aussi.

Enfin, la première ministre aurait tout à gagner à tenir cette consultation publique afin de lancer un signal clair sur ses orientations énergétiques.

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