Moreau en faveur d’une Commission Charbonneau permanente
Les questions d’éthique ont retenu l’attention dans le deuxième débat entre les trois candidats à la chefferie du Parti libéral du Québec, dimanche, alors que le candidat Pierre Moreau a suggéré la mise sur pied d’une Commission Charbonneau permanente.
Selon le député de Châteauguay, la commission d’enquête sur l’octroi des contrats publics dans le domaine de la construction pourrait, en siégeant à longueur d’année, mieux complémenter le travail des policiers. Lorsque la preuve est insuffisante pour mener à des accusations criminelles, «on se dirige vers cette commission permanente afin d’exposer au public les stratagèmes [de collusion et de corruption] et on les prévient», a-t-il expliqué devant les militants libéraux réunis à Québec.
Considérant que le mandat actuel de la Commission Charbonneau est assez vaste, Raymond Bachand a plutôt mis de l’avant l’importance du travail policier et rappelé que l’Unité permanente anti-corruption (UPAC) était déjà, elle, «permanente».
La Commission Charbonneau en a «plein les mains, a insisté l’ex-ministre des Finances. Ils ont un grand champ d’activité, laissons-les donc faire leur travail comme il faut». M. Bachand juge que certaines mesures concrètes, telles qu’une rotation des inspecteurs dans les municipalités et la révision de la règle du plus bas soumissionnaire, seraient plus efficaces qu’une commission permanente.
Bien qu’il soit favorable à l’élargissement du mandat de la Commission Charbonneau à d’autres sphères d’activité que la construction, l’ex-ministre de la Santé Philippe Couillard a davantage insisté sur la prévention et la transparence. Il suggère notamment la mise en place d’un suivi en temps réel du déroulement des contrats publics, pour que les citoyens aient accès à tous les détails concernant les budgets et l’échéancier des travaux. «La transparence éloigne la corruption», a fait valoir M. Couillard, évoquant le modèle de gouvernement ouvert du président américain, Barack Obama.
Dans ce débat mené sous le thème de «Comment mieux gouverner?», les candidats à la succession de l’ex-chef du PLQ, Jean Charest, ont également discuté de confiance envers les élus, de financement des partis, des relations Québec-Canada et du fardeau fiscal des Québécois.
Les trois candidats participeront à trois autres débats dans les semaines à venir, dont le prochain – seul débat en anglais – aura lieu samedi à Montréal. Le gagnant de la course au leadership sera connu le 17 mars.
Identité québécoise : Couillard persiste et signe
Philippe Couillard est revenu dimanche sur sa volonté de relancer le débat identitaire québécois. Alors que les trois candidats à la chefferie du PLQ ont rappelé leur volonté de promouvoir les intérêts de la province au sein de la fédération canadienne, M. Couillard a été le seul à revendiquer un statut particulier pour le Québec.
«Il faudra reconnaître un jour la spécificité du Québec, a réitéré l’ex-ministre de la Santé, qui avait déjà lancé l’idée avant de se lancer dans la course au leadership en septembre. Faisons un exercice de définition collective et allons le présenter au reste du Canada.»
Une conversation sur le caractère distinct de la nation québécoise va de pair avec l’ouverture éventuelle de nouvelles négociations sur la constitution d’après M. Couillard. «Comme on dit, lorsque le fruit sera mûr, mais parfois, il faut le faire mûrir soi-même le fruit parce qu’on peut attendre longtemps», a-t-il continué.
Tant pour M. Moreau que M. Bachand, régler le statut constitutionnel du Québec – qui n’est pas signataire de la constitution – ne constitue pas une priorité.
«Je ne mettrais pas mes énergies là-dessus», a affirmé l’ancien péquiste Raymond Bachand. Le député d’Outremont a précisé qu’il prèfère défendre les intérêts du Québec de manière pratique, par exemple en sauvant des emplois, qu’en s’engageant dans des débats théoriques.
S’il a admis que des correctifs pouvaient être apportés à la constitution canadienne, Pierre Moreau a quant à lui soutenu que de ne pas appartenir à la constitution n’avait «aucun impact pratique» sur la vie des Québécois.