Michel Lalonde demande pardon
Le témoignage de Michel Lalonde s’est conclu jeudi à la commission Charbonneau par une courte déclaration où il a exprimé ses «profonds regrets», les sanglots dans la voix.
Le président de la firme Génius, qui a avoué avoir participé à la collusion des firmes de génie, à la corruption de fonctionnaires et au financement illégal de partis politiques, a permis de mieux comprendre les rouages et l’étendue du problème.
La présidente France Charbonneau a tenu à remercier le président de la firme de génie pour son courage et sa collaboration. «Il est essentiel que des personnes de votre calibre collaborent avec nous, a-t-elle déclarée. Nous sommes conscients qu’il vous a certainement fallu une bonne dose de courage pour venir témoigner publiquement»
M. Lalonde, qui n’a pas semblé particulièrement ébranlé tout au long des six journées qu’a duré son témoigne, a toutefois eu du mal à contenir ses émotions au moment de faire amende honorable.
«Je ne peux effacer le passé ni les événements auxquels j’ai participé. À cette époque, je croyais que c’était la chose à faire pour permettre à mon entreprise et à mes employés de travailler», a-t-il expliqué en lisant sa déclaration.
Alors qu’il remerciait sa famille de leur soutien, sa voix s’est étranglée et il a marqué quelques pauses pour reprendre possession de ses moyens.
«Je comprends la portée de mes gestes et j’espère qu’on pourra un jour me les pardonner», a-t-il ajouté
La présidente l’a de nouveau remercié, avant de lui souhaiter bonne chance.
Il n’est pas possible pour le moment de relater le contenu de la fin du témoignage de Michel Lalonde puisqu’il est toujours frappé d’une ordonnance de non-publication préventive. C’est également le cas du témoignage du témoin qui a suivi, Jacques Victor, spécialiste des appels d’offres et de l’octroi de contrat.
Ces mesures s’expliquent par les procès à venir dans les dossiers abordés par les témoins, soit le cas de la ville de Boisbriand et du Faubourg Contrecoeur, à Montréal
Ces ordonnances visent à s’assurer que les faits révélés par les témoins ne mettront pas en péril les procès à venir dans ces dossiers.
D’un côté, les experts doivent faire attention de ne pas divulguer trop d’éléments concernant leurs preuves qui serviront dans le procès. D’un autre côté, le directeur des poursuites pénales et criminelles veut s’assurer que les accusés auront droit à un procès juste et équitable et éviter qu’un éventuel jury soit contaminé par les révélations de la commission Charbonneau.
Une fois les témoignages de Michel Lalonde et de Jacques Victor terminés, la présidente se prononcera sur les portions de témoignages qui pourraient être libérés.
Ces témoignages ne sont pas en huis clos; ils sont frappés d’une ordonnance de non-publication. Les médias ne peuvent pas rapporter les propos, mais les audiences restent publiques. Toute personne qui le souhaite peut assister aux audiences au 500 René-Lévesque Ouest, 9e étage.
Rappel des faits
Opération Fiche Boisbriand
- 3 février 2011, l’escouade Marteau arrête l’ancienne mairesse de Boisbriand, Sylvie Saint-Jean, Lino Zambito et Giuseppe Zambito, de la firme Infrabec, Rosaire Fontaine et Claude Brière, de la firme de génie BPR, ainsi que France Michaud et Gaétan Morin, de la firme Roche. Le 26 avril 2011, Robert Poirier, l’ancien maire de Boisbriand est à son tour arrêté. Ces personnes sont accusées de fraudes, de complot, d’extorsion et d’abus de confiance.
- Selon la Sûreté du Québec, «l’enquête a démontré que, depuis plusieurs années, un système avait été élaboré afin de favoriser certaines firmes pour le partage de contrats municipaux lucratifs. Ce système visait aussi à fournir des avantages à certains anciens élus de la ville de Boisbriand en échange de décisions favorables dans l’octroi de contrats.»
Opération Faufil : Faubourg Contrecoeur
- Dans le cadre du projet d’habitation du Faubourg Contrecoeur, un stratagème a été mis en place afin de favoriser l’entreprise Construction F. Catania. L’enquêteuse Isabelle Toupin, qui témoigné les 22 et 23 janvier devant la commission Charbonneau, en avait expliqué les détails.
- Le 17 mai, l’escouade Marteau arrête l’ancien président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Frank Zampino, l’homme d’affaires Paolo Catania, l’ancien président de la Société d’habitation de Montréal, Martial Filion, et l’ex-organisateur politique d’Union Montréal, Bernard Trépanier. Ils sont accusés de fraude, de complot et d’abus de confiance.