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Expozine et la petite histoire du fanzine

Louis Rastelli à côté de la distributrice de fanzines Distroboto, située au café Vice & Versa Photo: Josie Desmarais/Métro

 À quelques jours de la prochaine édition d’Expozine, Métro a rencontré un des cofondateurs de cette foire du livre underground, Louis Rastelli, pour jaser de l’histoire du fanzine et de cette événement rassembleur.

Le fanzine, qui donne son nom à Expozine, est à l’origine un magazine édité à petite échelle, créé par des fans et pour des fans. Il émerge dans les années 1960 et peut porter sur toutes sortes de sujets.

«Au début, il y avait tout un univers du fanzine qui était principalement une source d’information pour trouver des disques obscurs ou obtenir des renseignements sur tel film ou telle émission», explique Louis Rastelli.

Depuis, le fanzine a pris une forme plus artistique, et le terme désigne autant des revues militantes que des mini recueils de poésie autoédités.

Passionnés par ce format, Louis Rastelli et sept autres artistes, éditeurs et écrivains ont en 2001 l’idée de créer un événement qui rassemblerait les petites maisons d’édition, les créateurs de fanzines et de revues underground ainsi que les autoéditeurs. 

«Ç’a commencé avec l’idée de fédérer les gens qui publiaient leurs propres trucs, raconte-t-il. La première année [en 2002], on avait 60 exposants et on croyait avoir pensé à tout le monde.» 

Pourtant, une fois l’événement présenté au public, des centaines d’autres créateurs qui faisaient leurs publications de façon indépendante se manifestent et, au fil des années, Expozine prend de l’ampleur. 

Diversité de voix

Aujourd’hui, l’événement regroupe une multitude de créateurs francophones et anglophones, qui créent ensemble une grande diversité de voix et de formats. 

«Ça peut être de la poésie, mais aussi de l’art visuel, des tracts politiques ou même des textes personnels. L’important, c’est que ce soit fait par l’auteur», illustre M. Rastelli, précisant que les organisateurs n’ont pas de critères de sélection stricts. 

De plus, le fanzine tire ses origines de la contre-culture, comme le souligne M. Rastelli. «Dans les années 1960, les jeunes et les mouvements contestataires se sont mis à faire leurs propres médias, des journaux étudiants, des journaux radicaux, des journaux communautaires, des journaux d’activistes. Ç’a continué dans les années 1970 avec le mouvement punk, et ainsi de suite, avec les mêmes formats: affiches, fanzines, journaux indépendants.»

Aujourd’hui encore, le fanzine est un moyen d’expression pour les communautés marginalisées et les discours engagés. Expozine présente donc des fanzines créés par des personnes racisées, féministes ou appartenant à la communauté LGBTQ+, par exemple. 

«C’est un espace d’inclusion laissant la place à tous les créateurs qui se sentiraient exclus, marginalisés, ou à ceux qui préfèrent éditer eux-mêmes leurs publications.»  

L’internet et l’évolution du fanzine

Depuis les débuts d’Expozine en 2002, la richesse et la diversité des exposants n’ont fait que se développer, remarque M. Rastelli, et ce, malgré l’essor de l’internet.

«Les premières années, les gens étaient très cyniques. Ils disaient : “Avec l’internet qui commence à dominer, ça ne durera pas long, votre aventure. Les livres, c’est fini”», se souvient-il. 

En réalité, l’internet n’a pas fait disparaître le livre et le fanzine, il les a simplement transformés. «Ce qui a disparu, ce sont les fanzines de fans, qui sont devenus des blogues, des sites de fans ou des forums, note M. Rastelli. On voit aussi que les artistes portent une plus grande attention à l’objet papier, au choix des matériaux et à la fabrication artisanale.»

De plus, grâce à l’internet, les artistes peuvent faire leur promotion sur les réseaux sociaux même s’ils n’y diffusent pas le contenu de leurs fanzines. Il est ainsi plus facile de chercher et donc de découvrir de nouveaux créateurs sur le web, ce qui a renforcé la communauté des autoéditeurs, qui ont pu tisser des liens par ce biais.

Une édition 2019 bonifiée

Cette année, Expozine diversifie sa programmation pour offrir aux visiteurs une approche encore plus interactive, notamment avec des ateliers gratuits de fabrication de fanzines, des tables rondes et des séances de dédicaces. 

Pour M. Rastelli, le but est de permettre toujours plus de rencontres, entre les visiteurs et les créateurs, mais aussi entre les créateurs eux-mêmes. 

«En 18 ans d’Expozine, on a vu beaucoup d’auteurs et d’artistes, qui avaient commencé à publier seuls, se regrouper et lancer des maisons d’édition. On est très fiers que du monde se soit servi d’Expozine comme tremplin et aille aujourd’hui au Salon du livre», avoue-t-il.


ARCMTL, qui est à l’origine d’Expozine, présente une vaste sélection de ses archives avec l’exposition Zine Scene: Twenty Years of ARCMTL.

  • Cette exposition, présentée à la bibliothèque de l’Université Concordia, se tiendra jusqu’au 17 décembre.
    Samedi 16 et dimanche 17, de 11 h à 18 h, à l’église Saint-Arsène (1025, rue Bélanger).

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