Charge mentale: les femmes mariées en font toujours plus
Si le partage des tâches ménagères est de plus en plus paritaire chez les couples du Canada, les femmes mariées portent ce fardeau de façon disproportionnée, selon ce que rapporte Statistique Canada.
Ce sont elles qui sont susceptibles de s’occuper de la lessive, de la préparation des repas et de l’entretien ménager intérieur. En effet, plus du quart (27%) d’entre elles sont chargées «la plupart du temps» de ces corvées.
Cependant, les femmes en union libre ont plus de chance de connaître la parité dans la répartition des tâches, puisque c’est plutôt 19% d’entre elles qui s’en chargent essentiellement.
C’est ce que révèle l’enquête Histoire de famille: Partage des tâches domestiques chez les couples au Canada: qui fait quoi? montée à partir de l’Enquête sociale générale de 2017, menée auprès de 20 000 Canadiens.
L’âge semble aussi faire une différence, car le partage de ces tâches était deux fois plus fréquent chez les personnes en couple de 20 à 64 ans (12%) que chez celles de 65 ans ou plus (6%).
«On constate que la répartition des tâches domestiques demeure genrée», affirme Clémence Zossou, analyste pour l’agence fédérale.
En effet, les femmes effectuent encore en grande partie la lessive, soit 61% du temps et s’occupent de la préparation des repas 56% du temps.
Lorsque vient le moment d’accomplir des travaux extérieurs et des réparations, c’est plutôt l’homme s’en charge dans 78% des cas.
En stagnation
Si selon Statistique Canada «les hommes font de plus en plus leur part du travail à la maison», certains organismes constatent plutôt une stagnation de l’évolution de la situation des femmes au sein de couples hétérosexuels.
«On voit que le travail invisible, c’est-à-dire tout ce qui est organisationnel à la maison, est accompli majoritairement par des femmes et ça n’a pas changé depuis des années. Selon un de nos sondages, les femmes effectuent ce genre de travail pendant 26,5 heures chaque semaine, tandis que les hommes n’en font que 15 heures», insiste Katia Pharand-Dinardo, coordonnatrice pour L’R des centres de femmes du Québec.
Cette dernière dénonce les compressions budgétaires et les mesures d’austérité des dernières années dans les programmes sociaux, qui corréleraient avec le fardeau des tâches incombé aux femmes.
«Ce sont elles qui récupèrent le travail des intervenants, des préposés aux bénéficiaires, et ce de façon non rémunérée», souligne la coordonnatrice.
Donc, s’il y a amélioration dans le partage des tâches concrètes au sein des couples, la charge mentale demeure étouffante pour plusieurs femmes, martèle-t-elle.