Montréal veut prolonger l’état d’urgence pour faire face à la rentrée scolaire
La situation s’est beaucoup calmée pour la Ville de Montréal dans sa lutte contre le coronavirus dans les dernières semaines. Elle entend toutefois prolonger d’un mois l’état d’urgence local dans le contexte de la rentrée scolaire et de la menace d’une deuxième vague du coronavirus.
Une séance extraordinaire du comité exécutif a eu lieu vendredi matin pour faire le point sur l’état d’urgence local, déclenché le 27 mars par la mairesse de Montréal, Valérie Plante. Cette mesure extraordinaire, prévue dans la Loi sur la sécurité civile, permet notamment à une ville de déroger aux règles habituelles d’octrois de contrats. Elle dispose ainsi de plus de souplesse pour effectuer les dépenses jugées nécessaires pour faire face à la crise sanitaire.
Au cours des cinq derniers mois, cette mesure a entre autres facilité l’ouverture d’un total de 14 refuges d’urgence pour personnes en situation d’itinérance et de différents sites de distribution alimentaire. Elle a aussi permis à la Ville de distribuer des milliers de couvre-visages à des organismes communautaires. C’est aussi dans le contexte de l’état d’urgence que la Ville a aménagé cet été les voies actives et sécuritaires (VAS), ces pistes cyclables et rues piétonnes destinées à faciliter le respect de la distanciation physique. Elle a également créé temporairement des cliniques de dépistage mobile dans des autobus de la Société de transport de Montréal.
«L’état d’urgence nous a permis une agilité, une rapidité d’action pour faire face à une situation exceptionnelle», a souligné Mme Plante
La situation se stabilise
L’état d’urgence local a toutefois commencé à être de moins en moins nécessaire dans les dernières semaines, a expliqué vendredi la chef de section au Centre de sécurité civile de la Ville de Montréal, Annick Maletto.
À cet égard, elle a notamment souligné le fait que les plus récents refuges d’hébergement d’urgence mis en place pour les sans-abri sont davantage gérés par des organismes communautaires et le réseau de la santé que par la Ville. Le réseau de la santé a également rehaussé sa capacité de dépistage, rendant la contribution de la Ville à cet effet moins nécessaire.
Le nombre grandissant de personnes qui portent le masque même à l’extérieur justifie aussi le démantèlement des VAS, qui se fera de façon progressive cet automne.
«Il y a de moins en moins de besoins pour la distanciation physique à l’extérieur. Pour cette raison, on peut procéder au démantèlement des voies actives et sécuritaires», a expliqué Mme Maletto.
La rentrée scolaire
Toutes ces raisons auraient pu justifier la fin de l’état d’urgence à Montréal. Les élus du comité exécutif ont toutefois décidé de prolonger celui-ci jusqu’au 30 septembre 2020. Une décision qui survient alors que plusieurs écoles de la province, dont trois dans l’Est de Montréal, rapportent déjà des éclosions au coronavirus dans le contexte de la rentrée scolaire.
«Évidemment, comme toute autre année et tout autre virus, on sait que la rentrée scolaire a tendance à faire exploser certaines maladies contagieuses en automne. Il reste maintenant à voir si pour le coronavirus, les effets [de la rentrée] seront les mêmes que pour l’influenza, le rhume et la gastro en temps normal. C’est probablement l’élément le plus imprévisible actuellement et qui est le plus inquiétant», a indiqué Mme Maletto.
Cette dernière a d’ailleurs ajouté que «rien ne nous qu’on aura un vaccin sous peu», alors que pointe la menace d’une deuxième vague du coronavirus. L’incertitude persiste également sur la durée d’immunisation de la population au coronavirus à la suite d’une infection.
«Bien qu’on connaisse une stabilisation des cas sur le territoire de Montréal, il est important pour nous de conserver l’état d’urgence afin d’avoir les coudées franches pour faire face à une deuxième vague du coronavirus», a indiqué Mme Plante. Dans un mois, la Ville devra donc décider, dans le cadre de la prochaine séance du conseil municipal, si elle reconduit de nouveau l’état d’urgence.
«Avec le renouvellement de l’état d’urgence, Montréal entre dans la deuxième phase de la lutte que nous menons contre le coronavirus.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal
Opposition
S’il reconnaît que la déclaration de l’état d’urgence était nécessaire «au plus fort de la pandémie», le chef de l’opposition officielle à l’hôtel de ville, Lionel Perez, remet en question la pertinence de prolonger celui-ci pour encore un mois.
«La crise a le dos large pour justifier toutes les dépenses excessives de cette administration», déplore-t-il à Métro, en référence à l’aménagement des VAS par la Ville.
Vendredi, la Ville a annoncé par communiqué que la firme de cotation S&P Global Ratings maintient sa cote de crédit AA- avec mention «stable». M. Perez critique toutefois «le manque de transparence» de l’administration Plante, qui tarde à présenter à la population une mise à jour de sa situation financière dans le contexte de la crise sanitaire, comme elle l’a fait au mois d’avril.
Le prolongement de l’état d’urgence local fera d’ailleurs l’objet d’une séance extraordinaire du conseil municipal, lundi prochain.