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Des milliers de faillites en vue, craignent les restaurants

Risque de faillites dans les restaurants avec les nouvelles règles mises en place par le gouvernement.
Restaurants Canada demande la réouverture des salles à manger le plus rapidement possible. Photo: Archives/Métro

L’industrie de la restauration, déjà durement touchée par la première vague, est sous le choc. Divers intervenants s’attendent à voir des milliers de restaurants disparaître sous le coup de faillites si le gouvernement ne met pas en place des mesures suffisantes pour les aider à survivre, puisque la décision de fermer les bars et restaurants en zone rouge augmente leur précarité financière.

«Les trois quarts des établissements devront fermer, scande le président de l’Union des tenanciers de bars du Québec, Peter Sergakis. C’est un vrai choc pour nous, et nos fournisseurs.»

Il est trop tôt pour lancer une estimation exacte du nombre de faillites de restaurants auquel s’attendre, croit le vice-président de l’Association de restauration du Québec (ARQ).

«Je m’attends à ce que ce soit un record, estime François Meunier. On s’attendait à pouvoir garder nos salles à manger ouvertes, même en zone rouge.»

Les fermetures temporaires, qui dureront au moins 28 jours, les prennent de court: la Santé publique avait ciblé les rassemblements privés comme principal foyer d’éclosion.

Depuis un mois, bars et restaurants ont été épargnés à Montréal. «Je doute que nous soyons la bonne cible, fustige M. Sergakis. Je pense qu’il y aura plus de gens dans les parcs et dans les maisons, à faire des fêtes privées à cause de cette décision.»

Alors que les salles à manger seront fermées dès jeudi, l’homme d’affaires à la tête d’un empire immobilier qui compte plusieurs restaurants devra mettre à pied près de 600 employés. «Ce sera très difficile d’embaucher dans 28 jours, déplore-t-il. Le gouvernement ne réalise pas que fermer un restaurant, c’est facile, mais en rouvrir un après, c’est loin de l’être.»

Les restaurants crient à l’injustice

Des employés seront aussi mis à pied chez l’Estaminet, un restaurant d’Ahuntsic-Cartierville. «Je trouve que c’est injuste. Je me suis conformé à toutes les directives et toutes les restrictions. On a posé des plexiglas, on a disposé les tables autrement. Cela nous a coûté des sous», constate la propriétaire Nancy Collin.

Lors de la première vague, l’entrepreneure travaillait seule avec un cuisinier afin de préparer les commandes à emporter, qui constituent environ 15% de son chiffre d’affaires.

«Je ne pourrai pas refaire la même chose. Si je tombe, il n’y a plus de business», convient-elle.

Plusieurs restaurants perdront des denrées, n’ayant été en mesure de planifier leur inventaire en fonction d’un reconfinement.

«N’auraient-ils pu nous annoncer qu’on fermerait dans deux semaines, pour qu’on puisse utiliser le stock qu’on a en cuisine? Toute notre bière en fût, on ne peut pas la congeler», le propriétaire du Pub Cunningham’s de Sainte-Anne de Bellevue, Jim Beauchamp.

Risques

Malgré les ennuis financiers que laissent présager les 28 jours de nouvelle pause, le président de la Nouvelle association des bars du Québec (NABQ), Pierre Thibault, comprend la décision du gouvernement Legault.

Les tenanciers peinaient à identifier si leurs clients venaient d’un même foyer, ce qui augmentait les chances de propagation, estime-t-il.

«On ne peut pas nier qu’avec le nombre de cas qui augmente, il y a des dangers, raisonne-t-il. Au moins, on a réussi à prouver que nous n’étions pas des cellules d’éclosion.»

En conférence de presse, mardi, le premier ministre François Legault a assuré que des mesures d’aide financière seront mises en place afin de soutenir l’industrie de la restauration.

Indéterminées pour l’instant, elles dicteront de la survie de la plupart des établissements, assure M. Thibault, qui est en «communication constante» avec Québec depuis les dernières semaines.

«Il faudra arrêter avec la niaiserie que les bars ne peuvent pas faire de livraison d’alcool avec les repas. Ce sont des revenus d’importance dont on nous prive», revendique-t-il.

Quant au fédéral, il devra poursuivre son aide pour les loyers commerciaux jusqu’en décembre, souhaite également M. Thibault.

13,5 G$

En 2018, les ventes de la restauration commerciale au Québec atteignaient 13,5 G$.

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