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COVID-19: des incertitudes sur la livraison des vaccins au Québec

Une volontaire reçoit un candidat-vaccin contre la COVID-19.
Photo: Joe Raedle/Getty Images

Malgré de nombreux contrats conclus entre le fédéral et des entreprises pharmaceutiques, l’arrivée de vaccins contre la COVID-19 au Québec se fera sans doute au «compte-gouttes», selon l’Institut national de santé publique. Une situation qui forcerait la province à identifier les groupes à vacciner de façon prioritaire.

Au début du mois d’octobre, l’INSPQ faisait parvenir au ministère de la Santé un document sur l’état de la recherche concernant les vaccins. Rendu disponible jeudi, le document intitulé «Caractéristiques des vaccins candidats contre la COVID-19 et enjeux relatifs à leur utilisation au Québec» convient que les premiers remèdes homologués n’arriveront sans doute que par petites doses.

«Il est très possible que les premières livraisons au Canada débutent au compte-gouttes et s’accélèrent de manière graduelle», indique dans cette note le Comité sur l’immunisation du Québec.

C’est le gouvernement fédéral d’abord qui gère l’achat et de la distribution des vaccins. Jusqu’à maintenant, Ottawa a conclu sept ententes avec des entreprises plus ou moins avancées dans leur processus de recherche.

Or, selon l’experte en vaccination Helen Trottier, rien ne garantit le succès de ces sept candidats-vaccins. Et un résultat concluant ne signifie pas que le vaccin arrivera rapidement. «Le gros défi pour le Canada c’est qu’il n’y a pas vraiment de candidat canadien dans la course», souligne cette professeure agrégée de l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM).

Vendredi, Ottawa concluait une entente de près de 175 M$ avec la Québécoise Medicago, qui en est à la première étape de ses essais cliniques. En comparaison, des entreprises comme Moderna et Johnson & Johnson – qui se sont aussi entendues avec le fédéral – procèdent aux tests de la troisième et dernière phase.

Fin-août, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’inquiétait déjà d’un potentiel «nationalisme du vaccin», qui pourrait ralentir l’arrivée de doses dans certains États.

Priorités

D’après le Comité sur l’immunisation du Québec, l’arrivée par petites doses des premières livraisons forcera la province à faire des choix.

«Il est indispensable d’identifier, de manière fine et ordonnée, les groupes à prioriser dans l’hypothèse d’une campagne d’immunisation», écrit-on.

Helen Trottier constate qu’il est encore impossible d’identifier de quels groupes on parle. «Ça va dépendre de la particularité du vaccin», souligne l’experte.

Par exemple, des vaccins «plus immunogènes» – qui génèrent davantage d’anticorps – seraient faits sur mesures pour les aînés ou les personnes immunodéficientes. Des vaccins de type «adjuvantés» seraient, eux, déconseillés pour les enfants et les femmes enceintes.

«Vaccination de masse»

Mme Trottier ne tourne pas autour du pot: selon elle, l’unique façon de se débarrasser du virus est la vaccination de masse.

«Un tel virus, c’est beaucoup trop contagieux, lance la professeure, avant de préciser que «la vaccination de masse pourrait s’échelonner sur plusieurs mois, plusieurs années».

La Loi sur la santé publique établit que le ministre de la Santé et des Services sociaux peut «ordonner la vaccination obligatoire de toute la population ou d’une certaine partie de celle-ci […] contre une autre maladie contagieuse menaçant gravement la santé de la population».

S’il est impossible d’atteindre un taux de vaccination à 100%, il faut s’en rapprocher le plus possible pour améliorer les chances d’éliminer le coronavirus, affirme Mme Trottier.

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