Loi 21: laïcité n’équivaut pas absence de signes religieux, dit un expert
La laïcité ne passe pas par l’absence de signes religieux, pense l’expert en fondement philosophique de la laïcité, Jocelyn Maclure, appelé comme témoin par une des parties demanderesses dans le cadre de la contestation de la Loi 21.
Ils sont plusieurs groupes à tenter de faire annuler, en tout ou en partie, la Loi 21 qui interdit entre autres aux enseignants et aux directeurs d’école de porter des signes religieux.
Pour qu’un employé de l’État soit neutre, il ne doit pas favoriser ou défavoriser les religions dans l’exercice de ses fonctions, a d’abord indiqué Jocelyn Maclure.
Or, selon lui, cette neutralité passe plutôt par la conduite professionnelle et non par l’apparence, comme le port de signes religieux.
«Un agent de l’État peut parfaitement respecter cette exigence de neutralité tout en portant un signe religieux. Ce qui compte, ce sont ces décisions et son agissement», a-t-il déclaré devant la Cour.
M. Maclure estime d’ailleurs que le contraire est possible. «Une personne peut se laisser influencer par ses croyances religieuses sans même porter un signe religieux», a-t-il ajouté.
Opinions divergentes
L’avocate de la défense qui représente la Procureure générale du Québec a souligné que plusieurs opinions divergeaient de la sienne.
Elle a soumis comme première preuve une lettre de la Fraternité des policiers et policières de Montréal (FPPM) publiée en mars 2019.
La publication perçoit l’apparence de neutralité religieuse des représentants de l’État comme un atout dans le cadre de leurs fonctions.
Selon la FPPM, cela évite qu’un citoyen en interaction avec un policier ne puisse avoir l’impression d’un biais religieux dans l’application de la loi.
«Pour certains, le port d’un signe religieux peut avoir un impact sur la perception de neutralité. Êtes-vous d’accord?», a demandé l’avocate de la défense au témoin.
«Je suis d’accord que c’est la position de la Fraternité», a répondu Jocelyn Maclure.
En après-midi, c’est l’expert en histoire des droits, David Gilles, qui témoignait pour la demande. Son contre-interrogatoire se poursuivra demain au palais de justice de Montréal,
Le procès sur la Loi 21 s’est ouvert lundi avec les témoignages d’enseignantes et devrait durer cinq à six semaines.