Des cas de COVID-19 au centre de détention de l’immigration de Laval
À la suite de cas confirmés de COVID-19 au centre de détention de l’immigration de Laval, l’ensemble des détenus est actuellement maintenu en confinement solitaire.
En conférence de presse mardi matin, Solidarité sans frontières a dénoncé leur traitement. Le réseau impliqué dans les luttes immigrantes exige la libération immédiate de toutes les personnes détenues.
«Nous avons maintenant connaissance de quatre détenus qui ont été testés positifs, dont l’un est actuellement hospitalisé», a déclaré la porte-parole Tanya Rowell Katzemba.
Les autres détenus ont rapporté avoir été placés en confinement solitaire, une méthode que l’Agence des services frontaliers du Canada semble utiliser pour tenter de freiner la propagation du virus, a-t-elle ajouté.
Pour Solidarité sans frontières, cette mesure est «cruelle, inhumaine et tortureuse» en plus de ne pas être une stratégie de la Santé publique.
Témoignages de détenus
Détenu au centre de surveillance de l’immigration de Laval depuis novembre 2020, Marlon est une des personnes à avoir été testé positif à la COVID-19 le 15 février dernier.
Depuis ce jour, elle a déclaré une grève de la faim, un moyen de pression couramment utilisé par les détenus du centre pour protester contre leurs conditions de vie là-bas.
Dans une déclaration écrite, Marlon dénonce le fait qu’elle ait contracté la maladie en étant exposée au personnel de l’endroit qui ne respecte pas toujours les mesures sanitaires. «Ils nous ont isolés en confinement solitaire sans soin. Je crois que nos vies sont en danger parce que nous n’avons aucun moyen de nous protéger du virus», écrit la détenue.
Elle ajoute qu’elle ne peut pas laver ses vêtements alors que l’hygiène des salles est inadéquate.
Pédro, un autre détenu infecté témoigne du fait qu’il est déprimé parce qu’il ne peut communiquer avec personne. «Le simple fait d’être enfermé ici est déjà très dur, et maintenant, avec la nouvelle situation, c’est encore pire», déplore-t-il.
Un ancien détenu Abdoul qui était présent à la conférence de presse a révélé qu’il avait vécu la même chose l’année dernière. L’homme avait d’ailleurs aussi fait une grève de la faim pour dénoncer ces conditions.
Il craint pour les détenus actuellement malades puisqu’il sait que la condition de l’air est mauvaise dans la prison.
«Le centre de détention, en connaissance de cause, n’est pas un endroit propice à la détention, surtout pas en ces moments-là de pandémie», a raconté Abdoul.
Libération des détenus demandée
Solidarité sans frontières estime que la seule manière efficace de freiner la propagation du virus tout en protégeant la vie des détenus est de les libérer immédiatement afin qu’ils puissent s’isoler «de manière sécuritaire en toute dignité».
Le Canada détient généralement des personnes migrantes à cause d’une absence de documents d’identité ou pour mettre en exécution un ordre de déportation.
Si l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a confirmé qu’elle suspendait temporairement les déportations au Québec, elle refuse toutefois de libérer des personnes détenues.
Selon Abdoul, il est possible de domicilier les détenus dans un endroit connu des agents. «Comme moi, par exemple, ils savent où je suis», dit-il.
Tanya Rowell Katzemba ajoute que la douzaine de détenus sont «absolument capables de trouver où se confiner hors de la prison avec soit de la famille, soit des amis, soit tout seul». D’ailleurs, plusieurs détenus, comme Abdoul, ont été relâchés depuis le printemps dernier et aucun problème n’est survenu jusqu’à aujourd’hui.