Permis en main, Ray-Mont Logistiques veut aller de l’avant
Après des années de procédures judiciaires, l’entreprise Ray-Mont logistiques a enfin obtenu le permis de construire une plateforme de transbordement dans le secteur Assomption Sud-Longue-Pointe dans l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (MHM).
Lors d’une présentation virtuelle tenue le 27 avril, l’entreprise a présenté son projet devant l’instance de concertation de développement du secteur Assomption Sud-Longue-Pointe, du comité du milieu, des organismes communautaires et des citoyens.
Sur un terrain de près de 2,5 millions de pieds carrés, Ray-Mont logistiques compte recevoir 100 wagons de train par jour et 10 000 conteneurs en permanence sur le site. Ceci occasionnera 150 000 voyages de camions par année. Sur les lieux, des conteneurs seront empilés pour atteindre plusieurs mètres de haut pour des opérations qui se dérouleront 24h sur 24.
«C’est le seul terrain de cette envergure-là en face du port qui peut recevoir 100 wagons et où on a la capacité de sauver des dollars par tonne pour que notre projet soit viable», explique Charles Raymond, président et propriétaire de Ray-Mont Logistiques.
Il concède que l’envergure de son projet inquiète les élus et les citoyens, ce qui, d’après lui, expliquerait le refus de la Ville de Montréal de lui délivrer dans un premier temps un permis de construire.
L’homme d’affaires insiste sur le fait que le zonage était bon pour l’implantation de son projet: «Je ne conteste pas la règlementation. On conteste le fait que la Ville a illégalement refusé de nous émettre le permis.»
Une longue saga
En 2015, Ray-Mont Logistiques acquiert au coût de 20M$, un terrain désaffecté de la rue Notre-Dame, entre les rues Dickson et Viau, dans ce que l’administration Coderre appelait alors la Cité de la logistique. Son objectif est d’y installer une plate-forme intermodale pour faire transiter des produits agricoles vers le port de Montréal.
Le projet provoque une levée de boucliers; des résidents du secteur craignent le bruit, les conteneurs empilés et les désagréments. Dans la foulée, l’administration du maire Réal Ménard adopte un nouveau cadre réglementaire pour le secteur. Alors que l’entreprise a déjà commencé la décontamination du terrain, l’arrondissement refuse de lui accorder le permis.
L’entreprise entame alors un recours juridique. En 2018, elle remporte la première manche en Cour supérieure. En janvier dernier, c’est la Cour d’appel du Québec qui lui donne raison.
À la suite de ces victoires, l’entreprise se tourne à nouveau vers les tribunaux pour réclamer à la Ville de Montréal une somme de 373 M$. Elle estime que ce montant équivaut à des pertes qu’elle aurait eues à cause du retard dans la délivrance de permis.
Demandes de citoyens et organismes
Les citoyens présents à la séance virtuelle ont voulu mieux connaître les tenants et les aboutissants du projet. Ils ont interrogé le promoteur sur les nuisances liées au projet, sur ses risques environnementaux, sur le déplacement de plusieurs camions par jour, sur la poussière, sur le bruit, etc.
Quant à la demande de reboisement exprimée par certains résidents, M. Raymond n’y adhère pas. Il s’est cependant prononcé pour l’aménagement d’un talus végétalisé. Charles Bergeron, responsable Développement urbain durable au Conseil régional de l’environnement de Montréal, a insisté sur l’emplacement du talus. Il a également rappelé à l’homme d’affaires la nécessité de reconstruire sur les lieux un milieu humide.
M. Raymond a été interrogé aussi sur l’avis de réserve foncière qui lui aurait été envoyé par la Caisse de dépôt et placement du Québec dans le cadre de la réalisation du Réseau express métropolitain (REM). Il reconnaît l’existence de l’avis, mais avoue n’en savoir pas plus pour le moment.
L’homme d’affaires affirme vouloir parler des mesures de mitigation avec les élus, mais que ces derniers ne répondent plus à son appel.
Des représentants de la Ville de Montréal ont assisté à la séance virtuelle, mais ont préféré ne pas s’exprimer en raison de la poursuite entamée par l’entreprise.
Pas de «dialogue»
Dans un communiqué rendu public le 29 avril, Pierre Lessard-Blais, maire de MHM, rappelle avoir rencontré M. Raymond en janvier dernier pour lui offrir notamment la collaboration de la Ville et de l’administration locale.
«Or, plutôt qu’établir un véritable dialogue, l’entreprise a décidé de poursuivre la Ville et de lui réclamer 373 millions en dommages», regrette M. Lessard-Blais.
Il estime que le promoteur peut faire évoluer son projet, maintenant que le permis lui a été délivré. Il lui suggère de déposer une demande formelle à la Ville, qui servira de base de discussion, s’il désire améliorer le projet.
MHM prévoit une rencontre avec l’entreprise afin de définir un cadre de travail.
«Je suis heureux que Charles Raymond ait pris part aux activités de l’instance de concertation depuis la mi-avril. Parce que c’est avec eux, les résident.e.s du secteur, que l’entreprise doit élaborer son projet», insiste le maire.