Vaccination obligatoire: l’éventualité d’une suspension rémunérée fait débat
Au lendemain de l’annonce du gouvernement du Québec pour rendre la vaccination obligatoire pour le personnel de la santé, les employés de plusieurs hôpitaux de l’est de Montréal ont, pour la majorité, réagit positivement à cette nouvelle. Certains membres du personnel s’interrogent cependant sur le bien-fondé d’une suspension payée pour les employés ne souhaitant pas se faire vacciner.
Alors que la quatrième vague de COVID-19 progresse au Québec, le premier ministre François Legault a annoncé le mardi 17 août que la vaccination deviendra obligatoire pour l’ensemble des travailleurs de santé de la province.
«Je pense que c’est une bonne chose, il est normal qu’en tant que travailleurs de la santé on assume cette responsabilité de préserver nos patients, en particulier ceux à risques», affirme un employé de l’Hôpital Jean-Talon.
«Dans notre unité, tout le monde est déjà doublement vacciné. Je connais peu de monde qui ne veut pas le faire dans les autres services, mais je pense que c’est une bonne chose. On aura l’esprit plus tranquille», confie une employée de l’Hôpital Santa Cabrini.
Une minorité des employés questionnés par Métro estiment toutefois que le choix de se faire vacciner devrait continuer de leur appartenir.
«On ne devrait pas avoir à nous l’imposer, pour moi le choix nous appartient. Il y a quelques semaines, nous étions encore moins à avoir reçu une deuxième dose et les cas étaient plus bas. Le problème ne vient pas des hôpitaux», soutient une membre du personnel n’ayant reçu que sa première dose.
Une suspension payée qui divise
Si la majorité des employés rencontrés estiment que l’obligation vaccinale serait la marche à suivre, la question de la suspension des employés récalcitrants fait débat au sein des services hospitaliers.
«Ce qui fait débat au sein du personnel, ce n’est pas tant si c’est obligatoire ou non. C’est si les personnes ne voulant pas se faire vacciner sont suspendues avec rémunération ou pas. Beaucoup trouvent injuste de travailler et recevoir la même paie que quelqu’un qui reste à la maison.»
Jean (nom fictif), un employé d’un hôpital de l’est de Montréal
«Si la suspension des non-vaccinés est payée, ce serait une mauvaise nouvelle. Je connais des collègues qui s’interrogent sur le fait que certains pourraient être payés à rester à la maison. Ça divise au sein du service », indique Jacques (nom fictif) de l’Hôpital Jean-Talon.
«Pourquoi continuer à travailler si d’autres se font payer à ne rien faire? Si la suspension est payée, autant rester à la maison», s’indigne un autre employé n’ayant pas encore reçu sa deuxième dose.
La question de la vaccination obligatoire devrait faire l’objet d’une commission parlementaire qui pourrait débuter la semaine prochaine.
Ce n’est qu’à l’issue de celle-ci que sera déterminée la nature exacte des «mesures administratives» évoquées par le premier ministre pour les employés ne voulant pas se faire vacciner.
Lors de l’annonce faite le 17 août, M. Legault avait laissé planer le doute sur une éventuelle rémunération de ce personnel. Il avait toutefois affirmé avec certitude qu’«ils ne pourront pas travailler».