Un anticoagulant plus efficace contre la COVID-19 que les corticostéroïdes en CHSLD
Un anticoagulant en thromboprophylaxie est plus efficace que les corticostéroïdes pour diminuer la mortalité liée à la COVID-19, selon les résultats d’une étude menée par la Dre Sophie Zang dans les 17 CHSLD publics du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.
Dre Zang a présenté lundi matin ses analyses à la coroner Géhane Kamel dans le cadre du volet nationale de l’enquête publique sur la gestion de la pandémie dans les CHSLD durant la première vague de COVID-19.
Selon les résultats de l’étude menée par la docteure, l’administration de l’anticoagulant en thromboprophylaxie, un médicament qui prévient les caillots sanguins, est plus efficace pour diminuer la mortalité due à la COVID-19 pour les résidents en CHSLD, en comparaison avec d’autres traitements comme les corticostéroïdes, l’oxygène ou les solutés.
«Utiliser la thromboprophylaxie semblait bénéfique, car c’était associé à une réduction de moitié de la côte de décès. C’est un médicament qu’on n’est pas nécessairement habitués à utiliser en CHSLD, mais qui est facilement accessible et qui pourrait être donné», a expliqué Dre Sophie Zang.
Au contraire, le médicament des corticostéroïdes «qui a été démontré bénéfique à l’hôpital», ajoute Dre Zang, n’était pas associé à une réduction des décès de résidents dans l’étude sur les CHSLD, au même titre que l’oxygène et les soluté. «Quand on donnait ça, c’était plutôt un traitement de soutien qui ne changeait pas nécessairement le pronostic», a-t-elle précisé.
Des études qui disent le contraire
Les résultats de l’étude menée au Québec viennent contredire ce qui avait d’abord été avancé par d’autres chercheurs : les corticostéroïdes sont un des premiers traitements contre la COVID-19 à montrer des effets bénéfiques mesurables.
En effet, deux études publiées dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) en septembre 2020 démontrent qu’il y aurait des pistes de solution avec les corticostéroïdes.
La première recherche indique que l’utilisation de la dexaméthasone par voie intraveineuse combinée «à des soins standard a entraîné une augmentation statistiquement significative du nombre de jours sans ventilateur pendant 28 jours».
L’autre étude démontre que l’administration de corticostéroïdes à des patients gravement atteints de la COVID-19 «a été associée à une diminution de la mortalité toutes causes confondues à 28 jours». Ces essais ont été menés dans 12 pays, entre février et juin 2020.
Dans un guide publié en septembre 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) mettait de l’avant l’utilisation de corticostéroïdes pour les patients infectés dans un état grave.
La ministre Blais ne témoignera pas
Par ailleurs, la coroner Me Géhane Kamel a annoncé lundi matin qu’elle n’entendra pas le témoignage de la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais.
Mme Blais devait initialement témoigner le 16 novembre à l’enquête publique sur la gestion de la pandémie durant la première vague de COVID-19 dans les CHSLD. Or, la ministre est en congé de maladie depuis le 29 octobre dernier en raison «d’un épuisement professionnel et d’ennuis de santé mineurs». La durée de son absence demeure indéterminée.
Me Géhane Kamel entendra, les 16 et 17 novembre, l’ex-sous-ministre à la Santé Yvan Gendron et l’ancienne ministre de la Santé Danielle McCann qui est maintenant ministre de l’Éducation supérieure.
Le volet national de l’enquête s’échelonnera jusqu’au 3 décembre au palais de justice de Québec. Le directeur national de santé publique, Dr Horacio Arruda, et le conseiller médical stratégique à la direction générale de santé publique, Dr Richard Massé, témoigneront jeudi.