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Retour du télétravail: quel impact pour le centre-ville de Montréal?

Le centre-ville de Montréal
Le centre-ville de Montréal Photo: Josie Desmarais/Métro

Sitôt revenus, sitôt repartis. Avec la montée du variant Omicron, la santé publique recommande le télétravail aux entreprises de la province. Dans le centre-ville de Montréal, le milieu des affaires, bien que compréhensif, s’avoue déçu de ce retour à la case départ.

Le gouvernement a levé la recommandation de prioriser le télétravail il y a à peine plus d’un mois. Un plan d’action avait même été établi afin que les employés de la fonction publique effectuent graduellement un retour au bureau, à raison de quelques jours par semaine.

Or, les infections et les hospitalisations sont en hausse dans la province. Pour l’instant, rien n’indique que le variant Omicron se cache derrière ces augmentations, mais le gouvernement préfère faire preuve de prudence. Deux à trois fois plus transmissible que le variant Delta, le variant Omicron pourrait causer une forte augmentation des cas au Québec.

Un retour à peine entamé

La déception est particulièrement grande pour la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM). Depuis des mois, l’organisme tente de favoriser le retour du travail en présentiel. La CCMM a notamment lancé la campagne publicitaire «S’entrevivre» et déployé une grande murale à l’effigie du Canadien.

Plus les semaines avançaient, plus le président de la CCMM, Michel Leblanc, constatait un retour à la normalité au centre-ville. La recommandation de la santé publique viendra freiner cet élan. «C’est certain que c’est très décevant, avoue-t-il. Les entreprises constatent une perte de productivité avec le télétravail, notamment pour intégrer les nouveaux employés.»

Le directeur général de Montréal centre-ville, Glenn Castanheira, partage sa déception. Mais les ravages économiques que peut laisser présager une telle annonce demeurent limités puisqu’une grande partie des entreprises, dont certaines du centre-ville, allaient opter pour le télétravail d’ici l’arrivée des Fêtes. «Ma réaction serait différente si nous étions en octobre ou en novembre, admet-il. Disons qu’on serait beaucoup plus déçus si on nous avait annoncé d’autres mesures, comme le retour du couvre-feu.»

La question demeure: à force de voir les recommandations relatives au télétravail changer, les entreprises écouteront-elles la santé publique? «Rarement le milieu des affaires n’aura été aussi partagé» devant un enjeu commun, admet le président de la CCMM, M. Leblanc.

«Certaines entreprises ont établi un plan de retour au travail clair dès septembre dernier, alors que d’autres sont plus frileuses, et ne veulent pas d’un retour au bureau avant mars. Certaines sont très fermes sur leur engagement de poursuivre le télétravail, même si cela amène des difficultés pour la productivité», analyse M. Leblanc.

Il est attendu que le Conseil du trésor annonce le retour en télétravail des fonctionnaires prochainement.

Le gouvernement doit «augmenter la cadence»

Désormais, la «pression se retrouve sur le gouvernement», considère M. Leblanc. Il faut accélérer la vaccination des enfants de 5 à 11 ans de même que l’administration de la dose de rappel pour permettre de limiter la propagation du virus, et du même coup, permettre le retour au bureau. «Le gouvernement nous demande des sacrifices, et c’est correct. Mais en retour, c’est leur travail d’augmenter la cadence», demande-t-il.

Mardi, le gouvernement provincial a annoncé que des tests de dépistage rapides seraient disponibles gratuitement dans les pharmacies.

Malgré la persistance du télétravail, l’achalandage du centre-ville se maintient, comparativement à d’autres grandes métropoles. Selon les données de la CCMM, la zone se situe à 55% de sa circulation piétonnière pré-pandémique, ce qui la place au deuxième rang en Amérique du Nord, derrière New York.

Même si les chiffres de ventes des détaillants ne seront connus qu’après les Fêtes, l’optimisme règne au centre-ville, assure M. Castanheira. «Les grands détaillants nous parlent d’une année record, s’emballe-t-il. Un fort pourcentage de gens qui entrent dans les magasins achètent. Le marché de Noël est populaire, on voit qu’il y a du tourisme à Montréal.»

La situation pourrait toutefois se gâter une fois l’effervescence passée. Certains détaillants n’attendent que la fin du temps des Fêtes pour fermer leurs portes, prévient M. Leblanc. «Ils se trouvent avec deux années consécutives difficiles, rappelle-t-il. Il va falloir être très attentifs à leur situation.»

Pour soutenir les centres-villes, Ottawa devra fournir une «grande réponse», soutient la CCMM. Une stratégie de financement est demandée pour permettre aux centres urbains d’être plus attractifs à long terme.

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