Le Plan vert du Québec est voué à l’échec. Voici pourquoi
Le Plan pour une économie verte (PEV) du gouvernement risque de ne pas livrer les résultats promis, selon un nouveau rapport de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal. Voici quatre raisons qui expliquent pourquoi le plan vert 2021-2030 n’aura pas plus de résultats que celui qui s’est terminé en 2020.
Des actions inefficaces reconduites
Certaines actions reconduites sous le PEV n’ont pas atteint leurs objectifs sous le programme qui l’a précédé, le Plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques (PACC). C’est le cas du programme d’aide gouvernementale à l’amélioration de l’efficacité du transport maritime, aérien et ferroviaire (PETMAF), le programme «Chauffez vert» ou l’usage du bois dans les bâtiments.
D’autres, qui n’ont pas été mises en œuvre comme prévu sous le PACC, se retrouvent dans le PEV. On trouve notamment le Défi GES ou la mesure d’aide pour la décarbonisation du secteur industriel québécois. D’autres avaient même été abandonnées sous le PACC en l’absence de cibles, comme «Transportez vert».
«Plein d’actions ont du sens, mais leur articulation, elle, n’est pas faite. Et on n’est pas capable de voir leurs rôles dans la stratégie», affirme Blaise Rémillard du Conseil régional de l’environnement de Montréal.
Investissements à perte
Des budgets conséquents sont alloués à des mesures qui n’ont pas permis d’atteindre les objectifs attendus sous le PACC. Le rapport indique que le financement annuel des treize actions reconduites a augmenté de 290%, atteignant plus de 2,5 G$.
«En investissant davantage dans des mesures dont l’inefficacité est documentée, le gouvernement détournera des fonds d’actions plus ambitieuses et rendra plus difficile pour le Québec d’atteindre ses objectifs climatiques, d’entreprendre une transition juste et de soutenir les communautés à travers la crise climatique», atteste la directrice générale Québec et Atlantique à la Fondation David Suzuki, Sabba Khan.
Absence de bilan
Le gouvernement Legault a adopté le PEV sans avoir d’évaluation globale du programme qui l’a précédé. Cette absence d’évaluation pourrait avoir contribué à la reconduction de programmes inefficaces. Et elle témoigne aussi d’un manque de transparence.
«Sans un rapport complet et détaillé sur les mesures, il n’y a aucun moyen d’évaluer si les efforts que nous déployons fonctionnent réellement», déclare Mme Khan.
«Le gouvernement est responsable d’atteindre des objectifs au nom des Québécois.es. Lorsque l’analyse n’est pas faite, le public n’est pas informé de la portée des solutions qu’il met de l’avant», témoigne M. Rémillard.
Manque de solutions additionnelles
La base volontaire de la plupart des programmes est pointée par le directeur général du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec, Martin Vaillancourt. Il suggère d’augmenter les désincitatifs comme l’écofiscalité.
«Par exemple, le programme Roulez vert finance l’achat de véhicules électriques. On est en deçà des attentes car les gens qui ont acheté un véhicule électrique n’ont pas nécessairement laissé leur véhicule “gourmand”», ajoute-t-il.
Aucune mesure additionnelle n’est vouée à l’amélioration de la performance des actions entreprises. Le rapport propose d’instaurer des normes d’efficacité énergétique ou de moderniser la formation de la main-d’œuvre par exemple.
Le cabinet du ministre de l’Environnement, Benoit Charette, n’a pas répondu aux demandes d’entrevue de Métro.