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Climat: il reste trois ans (et on n’y arrivera pas)

chronique Frédéric Bérard
La chronique de Frédéric Bérard. Photo: Métro

CHRONIQUE – «La dépendance au pétrole, au charbon et au gaz est une folie. Nous marchons les yeux fermés vers la catastrophe climatique et si nous continuons ainsi, nous pouvons dire adieu à l’objectif de 1,5 °C.»

Le fameux 1,5. Celui de l’Accord de Paris. Celui qui empêcherait, le conditionnel est ici pertinent, l’atteinte du fameux point de bascule. Point de bascule? Oui. Comme dans BASCULE. Comme dans APRÈS, IL SERA TROP TARD. 

Ces mots, prononcés récemment par Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, prennent encore davantage de sens aujourd’hui. 

Parce que le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, nommément le «GIEC», est dévastateur. Encore. Mais plus que jamais.

Parce que pour limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 °C, justement, le plafonnement des émissions de gaz à effet de serre (GES) est impératif d’ici… trois ans. 

Un scoop, pour vous: ça n’arrivera pas. Pas proche. Pas même un mini-nano proche. 

Parce que si tous les citoyens planétaires consommaient à la canadienne, 4,3 planètes seraient alors requises. 

Parce que la nomination d’un apôtre vert au ministère de l’Environnement est à la fois de la poudre aux yeux, à la fois une sinistre blague. 

Parce que le Canada augmentera, l’an prochain, sa production pétrolière. 

Parce que le gouvernement Trudeau subventionne à fond, soit plus grassement que ne le faisait celui d’Harper, cette même industrie. 

Parce que pour paraphraser Michel Chartrand, subventionner les destructeurs d’humanité, c’est comme leur acheter une paire de bottes afin qu’ils nous bottent le cul.

Parce que je parie un bidon d’essence que Guilbeault donnera le go, le 13 avril prochain, au projet d’exploitation pétrolière Bay du Nord, au large de Terre-Neuve.

Parce que le lobby est trop puissant, et nos pantins, trop bêtes pour orienter plutôt nos efforts, recherches et fric vers une économie verte, d’une valeur de plus de 100 milliards, en dormance (au gaz).

Parce que pendant que le gouvernement Legault se flatte (fallacieusement) la bedaine de son score écologique, la réalité est tout autre: la moyenne des émissions québécoises s’avère être six fois plus élevée que celle de l’Inde, et deux fois celle de la Chine. Emmenez-le, votre 3e lien, les copains. 

Parce qu’on a, au final, les gouvernements que l’on mérite.

Parce qu’il est démontré, en psychologie, qu’un mécanisme d’autoprotection se déclenche dès lors qu’un événement factuel éventuel, paniquant et cruel, se pointe le bout du nez. Circulez, y a rien à voir.

Parce que le reste planétaire, malgré certains efforts éparpillés, fonce lui aussi, à plein régime, dans le mur du réchauffement.

Parce que la grève de la faim de quelques valeureux étudiant.es de l’Université de Montréal, lesquels requièrent de la direction la fin d’investissements à même l’industrie fossile, est demeurée hors du champ, ou presque (merci au Métro), médiatique.  

Parce que la claque sur la gueule de Will Smith, kesse tu veux, a siphonné pratiquement l’ensemble de l’attention, les miettes étant dévolues au dernier «scandale» woke.

Parce que l’intérêt public, genre la survie de l’humanité, est trop souvent éclipsé par l’intérêt DU public. 

Parce qu’on est (trop) cons, essentiellement. 

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