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La brique, le fanal et le candidat

De mémoire d’éléphant, je ne me souviens pas d’avoir assisté à un début de campagne électorale aussi rock’n’roll. Je parle bien sûr de la mise en candidature de Denis Coderre à la mairie de Montréal. Méchant coup de batte en arrière de la tête… Et la violence démesurée de l’accueil qu’on lui a réservé m’empêche de comprendre tout à fait pourquoi il en fut ainsi.

Peut-être que l’annonce officielle de sa candidature a tardé au point de devenir absolument exaspérante pour tout le monde? Ou parce qu’on était en droit de s’attendre à une plate-forme beaucoup plus étoffée vu l’éternité du délai? Ou alors serait-ce tout simplement parce que Coderre, c’est Coderre et qu’il fait bon fesser sur du Coderre quand on n’a rien d’autre à faire? Quoi qu’il en soit, même après quelques jours, je suis dépassé par ce vent de hargne qui est passé sous nos yeux et dans nos oreilles.

Premier constat : les médias ont été d’une «dureté» rare envers lui. Mais ça, c’est un droit incontestable dont dispose la presse.

Sauf que Denis Coderre, qui a souvent fait office de moulin à paroles pour remplir du temps d’antenne, a dû le prendre dur. Très dur même. Mais ça, c’est une moindre chose. Ce n’est rien à côté de ce que l’on a pu lire sur les réseaux sociaux. Ça aussi, le candidat Coderre a dû très mal l’encaisser. Lui qui les aime tant et qui compte sur ces canaux pour mener une campagne 2.0, il a dû se frotter les yeux une couple de fois en voyant ce qui s’écrivait à son sujet.

Ce que je retiendrai surtout de ce lancement pour le moins chaotique, c’est combien l’entreprise sera risquée pour quiconque aura dorénavant l’idée de se présenter à un poste élevé en politique. Ça vous tenterait, vous, de vous faire écœurer de la sorte avant même d’avoir terminé votre première adresse officielle? D’avoir à supporter la présence d’un groupe de manifestants – que vous n’avez même pas encore déçus, je le souligne – qui essaie de saboter votre entrée dans le match en hypothéquant votre droit de parole le plus élémentaire.

J’ai beau éprouver généralement une sympathie naturelle pour les militants de toutes les enseignes et les autres François Saillant de ce monde, jamais je n’accepterai qu’un candidat se fasse enterrer par une gang de grandes trappes qui se prétendent progressistes, mais qui agissent exactement à l’opposé de leurs supposées convictions. Quand on agit comme ça, on n’agit pas comme des protestataires civilisés, mais comme des bums. Avec les deux goons masqués qui faisaient le piquet derrière Coderre pendant son allocution, on se serait cru en pleine séance du tribunal de la révolution. Gênant. Répugnant même.

C’est clair que la route s’annonce ardue pour le candidat Coderre. Même s’il mène dans les sondages en ce moment, ça ne veut rien dire. À pareille date l’an passé, le même genre de cueillette d’opinions donnait à François Legault le titre de premier ministre du Québec. Voyez où il en est aujourd’hui…

Tout au long de cette campagne à la mairie, Coderre sera hanté par son passé, par ses relations avec certains témoins de la Commission Gomery. Chaque jour, il devra revenir là-dessus. Pris exactement comme le fut André Boisclair, qui avait été poursuivi par son histoire de coke tout au long de la bataille provinciale de 2007. Coderre sait tout ça. Mais le savait-il à ce point-là?

Et c’est dans ce climat que l’on aura à choisir le prochain maire de Montréal. La belle affaire, n’est-ce pas?

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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