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Une plateforme avec peu de détails… et alors?

Soraya Martinez Ferrada lors du point de presse dévoilant la plateforme électorale d'Ensemble Montréal.
Soraya Martinez Ferrada lors du point de presse dévoilant la plateforme électorale d'Ensemble Montréal. Photo: Olivier Robichaud / Métro

Quelque chose me chicotte depuis que je couvre la campagne électorale. Rien de majeur, juste une impression vague qui m’est revenue à quelques reprises pendant les annonces d’Ensemble Montréal.

Une impression de faim. Comme si j’avais mangé un hamburger, mais sans frites.

C’est que certaines de ces annonces – pas toutes, loin de là, mais plusieurs – manquent de détails.

Le meilleur exemple: le remplacement du Règlement pour une métropole mixte (le fameux «20-20-20»). Ensemble Montréal veut le remplacer par des «incitatifs financiers» et un «vrai partenariat» avec les développeurs et les OBNL en habitation. Quels incitatifs? Aucune idée. À quoi ressemble ce partenariat? Non plus.

Ou encore la promesse sur l’accès à la propriété. Ensemble Montréal a promis une aide financière pour la mise de fonds, mais on ne connaît pas la nature de cette aide financière, ni les seuils pour y avoir accès.

Et c’est pas juste moi qui a cette impression. Luc Rabouin demande sans cesse à Soraya Martinez Ferrada quelles pistes cyclables elle compte retirer, depuis qu’elle a promis de faire un audit. Projet Montréal a même affiché des pancartes un peu partout disant «cette piste est en danger».

Cette semaine encore, le débat a repris quand la plateforme complète d’Ensemble Montréal a été dévoilée.

Ne pas se peinturer dans un coin

Alors j’ai voulu creuser un peu. J’en ai parlé à Danielle Pilette, professeure à l’UQAM et spécialiste de la politique municipale.

J’ai été un peu surpris par la réponse.

«C’est un geste de prudence», dit-elle. «On est entré dans une période de volatilité politique et économique. Dans ce cadre-là, ce n’est peut-être pas nécessaire d’être trop précis.»

Elle ajoute que certaines mesures qui pourraient être mises de l’avant pour atteindre les promesses risquent de se butter à un «non» du provincial ou du fédéral. En restant vague, Soraya Martinez Ferrada limite les possibilités de perdre la face.

«La candidate à la mairie reproche souvent à l’administration sortante d’avoir été soumise à Québec», souligne Mme Pilette.

La professeure ajoute que c’est une tendance. Mark Carney s’est fait élire sans parler du budget. Avant lui, Stephen Harper en avait fait de la simplicité une tactique électorale redoutable.

Et Projet Montréal?

«Projet Montréal est en train de se handicaper», dit Mme Pilette. Ils ont beaucoup de données accumulées, mais ce n’est pas ça qui va les faire élire.»

Elle prend exemple du débat à LCN. Pendant que Craig Sauvé de Transition Montréal faisait des promesses «flamboyantes», Luc Rabouin avançait des faits.

«C’est comme si M. Rabouin ne servait qu’à étayer les promesses faites par M. Sauvé», lâche Mme Pilette.

Ouch

Rester aux aguets

Alors qu’est-ce qu’on fait avec ça? C’est sûr que les gens comme moi, on aime ça avoir des promesses bien précises, bien détaillées. C’est plus facile par après de dire «Hey hey hey hey heeeeeyyyy, t’as pas fait ça exactement comme t’as dit que t’allais le faire!»

Un peu comme le premier budget de Valérie Plante et son augmentation de taxes «sous l’inflation».

Avec une plateforme comme celle-là, c’est plus difficile. C’est quoi un «vrai partenariat»? Si les développeurs nous disent qu’ils sont contents, on coche la case? Si les seuils pour l’aide à la mise de fonds sont si restrictifs que ça sert juste deux personnes et demie, on dit quand même «promesse tenue»?

Au final, il faudra attendre de voir les résultats sur le terrain. Mais ça aussi c’est souvent insatisfaisant comme manière de demander des comptes à un politicien. Si la construction résidentielle accélère sous un mandat d’Ensemble Montréal, Soraya Martinez Ferrada pourra en récolter le crédit, peu importe que ça soit lié à ses mesures ou non. Dans le cas inverse, elle pourra blâmer la «conjoncture»… quelle qu’elle soit.

Je sais pas qui va gagner le 2 novembre. J’espère juste pouvoir manger un peu de frites avec mes hamburgers.

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