Québec a regardé passer le train
La décision de l’Office national de l’énergie (ONE) sur le renversement de la ligne 9B d’Enbridge est tombée jeudi dernier, et le pire des scénarios que plusieurs avaient envisagé s’est réalisé…
L’ONE a donné le feu vert à Enbridge sur toute la ligne; renversement du flux entre Sarnia et Montréal, augmentation de la capacité de transport de 240 000 à 300 000 barils par jour, permission de transporter le pétrole des sables bitumineux, etc.
L’ONE n’a attaché qu’une trentaine de conditions à sa décision, des conditions bien en deçà de celles exigées par les municipalités, la commission parlementaire tenue à Québec en décembre dernier, les groupes de citoyens et le milieu environnemental. En somme, l’ONE a fait preuve d’aplaventrisme devant Enbridge.
En soi, cela n’a rien de surprenant. Comme plusieurs des participants aux audiences de l’ONE, je fondais peu d’espoir sur ce processus, mais j’y suis quand même allé, ne serait-ce que pour exercer mes droits et ceux des membres et sympathisants de l’organisme que j’y représentais – Équiterre en compte plus de 120 000.
Ce qui m’a le plus surpris, et même choqué, c’est de voir la lenteur avec laquelle le gouvernement du Québec a agi dans ce dossier. Déjà, à l’automne 2012, le ministre de l’Environnement de l’époque, Daniel Breton, affirmait qu’il était hors de question que Québec regarde passer le train dans ce dossier sans avoir son mot à dire. Même son de cloche lorsque l’actuel ministre de l’Environnement, Yves-François Blanchet, a succédé à Daniel Breton.
Il aura fallu attendre une année complète avant que Québec passe à l’action en tenant une commission parlementaire dont le rapport a été rendu public un jour après la fin des travaux, en décembre dernier. Le ministre Blanchet parlait pourtant d’une évaluation «sans compromis», alors qu’aucune étude indépendante de l’état du pipeline n’a été faite par Québec.
Pour couronner le tout, Mme Marois semble souffler le chaud et le froid dans le dossier Enbridge, en déclarant d’une part qu’il faudrait que le Québec soit indépendant afin d’avoir les pleins pouvoirs sur ces questions, tout en soulignant d’autre part que le gouvernement du Québec s’assurerait que les 18 conditions posées à Enbridge par la commission parlementaire de décembre dernier seraient respectées…